samedi 1 octobre 2011

Le Sénat à gauche

Le Sénat est passé à gauche, pour la première fois dans la cinquième République. C'est important ?
Cela ouvre la possibilité d'un pouvoir politique central français homogène à gauche : les deux chambres et le Président. Ceci rend possible des ajustements ou évolutions constitutionnels, comme l'a fait remarquer F.H., et peut faire gagner du temps. Et puis les Sénateurs travaillent aussi, ils ne font pas que voter ; ce qui, au passage éclaire les commentaires que l'on voit sur divers forums trouvant leurs moyens excessifs : rendez-vous compte, pouvoir payer un assistant et un bureau pour ranger ses papiers, quel excès, pourquoi ne vont-ils pas bavarder au café du coin comme tout le monde ? Pour prendre un – bon - exemple dans l'Essonne, Marie-Claire Campion travaille, et fait d'intéressants comptes rendus de mandat. Si vous lui envoyez un mot au Sénat, elle vous mettra sur sa liste d'adresse. Vous pouvez aussi accéder à sa page facebook.
On risque donc d'avoir tous les pouvoirs à gauche ? Non : on « risque » d'avoir une vraie cohabitation, entre le pouvoir financier et un contre-pouvoir politique. Au fait, le pouvoir financier, ce ne sont pas que les banques : ce sont aussi des personnes riches – je ne parle pas de millions mais de milliards -, des fonds « alternatifs » - rien à voir avec l'alter-mondialisme, beaucoup à voir avec les paradis fiscaux -, des entreprises pleines de cash – plusieurs en ont plus à certains moments que le gouvernement U.S.-, des fonds souverains -les réserves des Etats pétroliers ou de la Chine, notamment ; c'est aussi le pouvoir des agences de notation. N'ayons donc pas peur d'une trop forte concentration de pouvoirs si la gauche l'emporte aussi en 2012 : c'est maintenant que nous avons une trop forte concentration de pouvoirs ; un peu moins depuis que le Sénat s'est rosi. Et bien sûr, même dans le pur domaine politique, le pouvoir de l’État n'est pas le seul : il y a aussi des collectivités territoriales et l'Europe, bien libérale.
J'entends aussi dire - surtout dans le Figaro - que la gauche n'est pas moderne, qu'elle est devenue coupablement conservatrice ; serait-ce la raison pour laquelle le Sénat est passé à gauche ? J'ai déjà remarqué qu'à force de faire passer pour des Réformes ce qui n'est que contre-réformes, on n'y voit plus toujours très clair. Pour la droite, la « modernité » est l'alignement sur les valeurs, les idées et les pratiques du pouvoir financier (« créer de la valeur » , supprimer les règles, faire faire et utiliser de bons programmes d'ordinateurs qui optimisent les profits, ça au moins c'est moderne). Notons que leurs comportements en détruisent beaucoup, de la valeur, même au sens qu'ils donnent à ce mot. Martine n'a pas tort de dire que notre seul avenir possible, donc la seule modernité qui mérite ce nom, c'est la solidarité, pas la cupidité.  

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