mercredi 28 mars 2012

Réunion publique à Bièvres le 12 avril

Nous avons le plaisir de vous inviter à notre 
Réunion publique à Bièvres
le 12 avril 2012 à 20 heures 45
dans la salle dite La Grange aux Fraises
3 rue de Paris 91570 Bièvres

Réunion organisée par le comité de soutien à François Hollande

Avec la participation de
Patrick Weil

et parmi nous :
Jean-Luc Escudié, secrétaire de la section de Bièvres du PS
Pierre Guyard, Président du comité de soutien de Maud Olivier
Maud Olivier, Maire des Ulis, Vice-Présidente du Conseil Général de l'Essonne, candidate aux élections législatives de juin 2012 dans la cinquième circonscription de l'Essonne
Maryse Traoré-Bonnefond, tête de la liste de gauche au conseil municipal de Bièvres

Patrick Weil a coordonné le livre 80 propositions qui ne coûteront pas 80 milliards et animera notre débat, en s'appuyant sur le contenu de ce livre, dont il est aussi un des auteurs.

Ce livre est également disponible sous forme électronique, lisible par exemple sur un Kindle.

La lecture de cet ouvrage collectif vous fera sans doute, comme cela a été le cas pour nous, découvrir des faits que vous ignoriez et surtout des propositions qui montrent que bien des choses sont possibles malgré l'état de la dette, très aggravé par la politique du Président sortant NS, quoi qu'il tente de nous faire penser par diverses contorsions.

Il sera question de plusieurs sujets :
  • les institutions et la justice
  • l'Europe
  • l'économie et la fiscalité
  • l'entreprise et l'industrie
  • la santé
  • le logement
  • les discriminations
  • les nouvelles frontières du numérique.
Nous vous invitons à venir écouter Patrick Weil, à réfléchir et débattre avec nous.
Vous pouvez aussi consulter le site http://www.80propositions.fr

La démarche Roosevelt 2012 est-elle la démarche nécessaire ?

Je suis allé mardi soit 27 octobre prendre part à une réunion du groupe Roosevelt2012 pour écouter, si possible comprendre et si possible évaluer la pertinence de l'attitude de ce comité. Le présent message ne relaie pas une position officielle du P.S. ni de François Hollande. Il ne rapporte que ce que j'ai cru comprendre, en toute humilité. Comme il s'agit d'une proposition politique fondée sur une analyse économique, et que les économistes se trompent plus souvent qu'à leur tour lorsqu'il s'agit de savoir si l'on va sortir de la crise ou s'y enfoncer, j'ose espérer que cette humilité peut être partagée.
Le comité Roosevelt 2012 rassemble outre quelques milliers de citoyens des personnes connues, en général pour leurs positions de gauche, toujours pour leur liberté d'analyse. Citons Stéphane Hessel, Michel Rocard, Pierre Larroutourou, Edgar Morin. Le fait est que j'ai eu l'occasion d'échanger directement quelques idées avec trois de ceux que je viens de citer, que je les respecte tous et invite mes amis à en faire autant. Cela ne signifie pas qu'ils aient en tout raison dans ce cas. De quoi s'agit-il ?
Un mot d'histoire d'abord : Franklin Delanoe Roosevelt fut élu Président des États-Unis en mars 1932, à la fin de la grande crise, pendant laquelle il était gouverneur de New-York. Dès son élection et très rapidement, il a pris une série de mesures importantes qui ont changé la situation aux États-Unis, dont une très forte imposition des citoyens les plus riches. Citons un paragraphe de ce qu'en dit Wikipedia.
Au début de son mandat, Roosevelt prit de nombreuses mesures pour rassurer la population et redresser l’économie. Entre le 4 mars et le 16 juin, il proposa 15 nouvelles lois qui furent toutes votées par le Congrès. Le premier New Deal ne fut pas une politique socialiste et Roosevelt gouverna plutôt au centre. Entre le 9 mars et le 16 juin 1933, période de Cent Jours qui correspond à la durée de la session du Congrès américain, il fit passer un nombre record de projets de loi qui furent facilement adoptés grâce à la majorité démocrate, au soutien de sénateurs comme George NorrisRobert F. Wagner ou Hugo Black, mais aussi grâce à l’action de son Brain Trust, l'équipe de ses conseillers issus pour la plupart de l'université Columbia.
Il n'est donc pas très étonnant que l'on puisse évoquer la possibilité pour François Hollande, s'il est élu, de se comporter de manière analogue à Roosevelt. Mais ne poussons pas trop loin ici l'analogie et écoutons le discours, à travers ce que j'en ai compris ; si vous voulez voir par vous-même et plus directement, consultez le site du comité ou lisez le petit bouquin de Pierre Larroutourou qui vient de sortir et dont le titre est un résumé : C'est plus grave que ce qu'on vous dit... Mais on peut s'en sortir. 15 propositions centre la crise économique à appliquer d'urgence. 3 euros.
J'aborde trois facettes : le diagnostic, les propositions, l'attitude politique.
Le diagnostic. On ne peut éviter de développer, car là réside le fondement de la possible pertinence de l'ensemble de la démarche.
On n'est pas sortis de l'auberge. La dette américaine vient d'atteindre 358% du PIB. Les deux partis américains font consensus pour arrêter l'hémorragie dès la prochaine élection Présidentielle. Ni eux ni les européens n'auront plus de paquets de centaines de milliards à donner aux banques pour les empêcher de couler lorsqu'elles font de mauvais calculs. La part des richesses créées qui est distribuée en salaires est passée dans les dernières années de deux tiers à un peu plus de la moitié (OCDE). La différence est accumulée par 0,2% de la population et représente 150% du PIB.
La baisse de la croissance est tendancielle depuis trente ans, ce n'est pas un accident récent. Il est difficile d'imaginer que l'on va repartir vers 2,5%, le chiffre magique où les gains de productivité cessent de détruire des emplois.
La Chine n'est pas responsable de nos malheurs : l'explosion de la dette et l'augmentation du chômage datent précisément de la mise en œuvre des politiques néolibérales (Reagan et Thatcher), pas de l'explosion de l'excédent commercial chinois (2006).
La Chine ne peut pas sauver la croissance : la croissance des salaires chinois s'est transformée en décroissance depuis que la Chine est admise à l'OMC. La bulle immobilière chinoise est bien plus grande que celle d'Espagne ; son explosion est en cours.
L'explosion du chômage est due pour 15% au commerce extérieur, pour 85% aux gains de productivité. La production industrielle ne baisse pas dans l'OCDE, c'est le travail nécessaire à cette production qui baisse. Les gains de productivité, énormes et continus peuvent être compensés de deux manières : en donnant plus aux actionnaires – « solution » actuelle – ou en diminuant le temps de travail, en améliorant la qualité de vie de tous. Travailler plus alors que moins de travail est nécessaire pour la même production n'arrange que les banquiers. La politique allemande dite kurzarbeit consiste lorsque la demande baisse de 20% pour une entreprise, non pas à licencier 20% du personnel, mais à diminuer le temps de travail de 20%, l'État payant les heures chômées. Ils ne font pas que de bonnes choses, mais ils en font, parfois.
Les propositions. Je ne développe pas. Elles comportent 15 mesures, surtout pour reprendre le pouvoir face à la finance. En voici une : séparer les banques de dépôt et les banques d'affaires (Roosevelt l'avait fait) permet de sortir du cercle infernal que voici : si la banque gagne de l'argent en spéculant, cela part en dividendes ; si elle en perd, elle se fait renflouer par les États, c'est à dire par les impôts et la destruction des services rendus par l'État, afin d'éviter la destruction des maigres économies des citoyens ordinaires. Cette séparation est dans le programme socialiste. La question est qu'elle soit mise en œuvre.
L'attitude politique. Dans cette réunion, tous ceux qui se sont exprimés (une dizaine de personnes sur les cinquante présents, certains appartenant au PS) ont exprimé comme une évidence leur intention de voter pour François Hollande, au moins au second tour (oui, il y aura d'autres choix au premier tour). S'il y avait un UMP, il n'a pas fait son come out. L'attitude générale était respectueuse, consistait à faire effort pour comprendre, dans la confusion mentale entretenue principalement par les droites et à se rendre disponible pour agir et pousser à agir. Roosevelt2012 n'en demande pas plus (ah si, que cela soit fait tout de suite). La crainte de ce courant de pensée est simple : si la gauche venant au pouvoir ne prend pas rapidement les mesures nécessaires, elle ne pourra pas faire face aux prochains épisodes de « la crise » et sera balayée électoralement dès le mi-mandat ; ce serait dommage. L'état de grâce est fugitif. Naturellement, prendre les mesures adéquates ne signifie pas celles qui arrangent la finance. D'ailleurs c'est impossible : le matin ils nous demandent de nous serrer la ceinture pour réduire les déficits (pas trop la dette : elle permet de bons transferts vers les financiers), l'après-midi ils demandent la relance : il faut bien vendre des bagnoles. Ô Ford, toi qui avais compris que pour vendre il fallait des clients, prie pour nous. Fin de la description de ce que j'ai cru comprendre.
En conclusion, voici ce que je me permet de penser, librement : (1) il est vraisemblable que le diagnostic est bon (2) il est bien possible qu'il y ait en effet besoin d'agir vite, fort et de manière cohérente – pas de manière chaotique et spectaculaire comme NS qui parle de la toxicité des paradis fiscaux puis finit par se rendre aux bons conseils de Michel Pebereau, patron de la BNP – (3) il faut à cet effet commencer par élire François Hollande, puis ne pas attendre béatement mais agir ensemble, pas seulement dans les cabinets ministériels, pas seulement dans les (indispensables) partis qui portent aujourd'hui la candidature de François Hollande.
Naturellement, vous pouvez par la voie des commentaires ou par la voie de courriels directs expliquer que je n'ai pas tout compris des positions de Roosevelt2012 ou qu'elles comportent des inexactitudes ou de possibles effets pervers, que sais-je ? La période électorale ne nécessite pas l'apnée de la pensée. Après, il faudra encore, surtout peut-être, réfléchir, débattre, agir.
JLE

Renaissance de l'Europe

En matière d'Europe, nous sommes confrontés, depuis longtemps maintenant à une difficulté, voire à une contradiction : d'un coté nous savons que beaucoup de nos problèmes ne peuvent être résolus par nous seuls français, nous savons que beaucoup de nos espoirs ne peuvent trouver leur chemin que par l'Europe, mais nous savons aussi que le ralliement global de l'Europe, de la commission et des dirigeants conservateurs, à l'idéologie ultra-libérale – École de Chicago – et aux pratiques de la même eau, par exemple déconstruction des services publics au nom de la sacralisation de la concurrence et, en fait, privatisations et ralliements à la logique du profit.
Cette difficulté nous a divisés entre partisans du non et partisans du oui à la constitution européenne, d'où le chapitre social avait été retiré pour ne pas déplaire aux anglais, disons à leurs dirigeants : nous voulions une Europe plus démocratique, non plus limitée à un marché commun, donc dotée d'une constitution, nous ne voulions pas d'une Europe dominée par les marchés.
Nous savons aussi que les sociaux-démocrates, Jacques Delors en tête, on accepté une sorte de compromis historique : plus d'Europe contre plus de poids et d'indépendance des marchés. Cette contradiction traverse chacun d'entre nous, et, les citoyens individuels ou organisés qui ne sont pas aveuglés par l'idéologie selon laquelle tout ce qui est bon pour les banques est bon pour l'humanité.
Nous savons aussi que la France s'est par trois fois opposée à un progrès démocratique européen. Nous découvrons aussi que le déficit démocratique concernant les questions européennes est plus lourd en France qu'en Allemagne par exemple : parce que la pratique de Souverain élu à laquelle nous nous sommes habitués a confiné les questions européennes dans le domaine réservé du chef.
Comment en sortir ? Joschka Fischer, par exemple, avait proposé un changement intéressant : des compétences réduites à ce qui doit vraiment être traité au niveau européen, mais aussi des règles majoritaires à la place de cette règle absurde de la nécessité de l'unanimité des chefs d'État ou de gouvernement. Il nous faut parvenir à ce que la construction d'une gouvernance crédible et fonctionnelle de l'Europe soit pour les peuples la conquête de nouveaux pouvoirs, non leur abandon. L'abandon de souveraineté est déjà fait lorsque toute décision se fait par un groupe de chefs qui n'ont pas de mandat démocratique sur le sujet et représentent en fait « les marchés ». Nous devons reconquérir notre souveraineté, et cela passe aussi par l'Europe.
En ce qui concerne le traité européen destiné à maîtriser la dette, on connaît la position de FH qui explique qu'il convient d'ajouter un effort de relance ; lors de la réunion du 17 mars avec les principaux représentants de la social démocratie européenne, ces dirigeants ont clairement apporté leur soutien à François Hollande, aux idées qu'il défend. Cela est techniquement possible avant ratification et nécessaire dans l'intérêt des peuples, du nôtre en particulier.
Laissons la parole à FH lors de son discours du 17 mars.
« Renaissance, le mot est juste. Une Europe nouvelle doit voir le jour, plus solide, plus solidaire, plus sociale. Les conservateurs dirigent l'Europe depuis de longues années, de trop longues années. Leur bilan est lourd. L'Europe, en effet, traverse la plus grave crise des on histoire, crise financière, crise économique, crise politique et même crise institutionnelle – pour ne pas dire existentielle... Il y a donc aujourd'hui un péril plus grave que tous les autres, c'est que les Européens, à force de déceptions et de désillusions, se détournent de l'idéal qui a été le leur et celui des générations précédentes depuis plus de cinquante ans. ..
J'assume les règles. Je revendique la responsabilité. Je reconnais l'obligation de sérieux... Mais si les disciplines sont nécessaires, si la gouvernance est indispensable, il n'y aura pas de réussite, il n'y aura pas de retour à l'équilibre si le traité (qui vient d'être signé mais n'est pas encore ratifié) n'est qu'un traité budgétaire, c'est à dire n'est qu'un traité de disciplines, de sanctions qui deviendront vite des austérités pour tous les peuples. C'est pourquoi je renégocierai le traité, non seulement pour la France, mais pour l'Europe toute entière. Personne ne peut imaginer que si la croissance n'est pas là, les objectifs posés par ce traité pourront être atteints. »

Merah

Face aux événements de Toulouse, nous avons choisi le silence. Les victimes innocentes, tuées pour leur seule appartenance à une confession ou à leur qualité de militaire, appellent notre solidarité dans la souffrance, notre intelligence si possible, assurément pas notre haine, ni notre passivité.
Deux remarques cependant : nous déplorons que les policiers intervenants n'aient pas pu ou pas su éviter de tuer Mohammed Merah. Chacun sait qu'il eût mieux valu un procès et que la quasi totalité des informations sur les événements vient des services de sécurité ; d'autres voix auraient pu être utilement entendues.
Seconde remarque : Nicolas Sarkozy a exprimé une volonté d'éviter que la prison soit une école du crime, dans ce cas du terrorisme. La remarque n'est pas sans fondement : la prison est souvent une école du crime. Mais le dénoncer ou le savoir ne suffit pas et la solution n'est pas aisée. J'avais un ami belge, hélas décédé aujourd'hui, qui était visiteur de prison à Gand, avec un statut identique à celui des prêtres et autres imams, mais au titre de ce que l'on appelle en Belgique la Libre Pensée. Il arrive que les belges aient de bonnes pratiques. Il était frappé, me disait-il, par l'incapacité de la plupart des criminels à comprendre et anticiper les conséquences de leurs actes, sur leurs victimes et sur eux-mêmes. Comment modifier cette situation ? Les norvégiens ont sans doute quelque-chose à nous apprendre, par un système carcéral très différent du nôtre. Mais ils n'ont pas pu éviter qu'un « militant », d'extrême droite celui là, ne tue des jeunes parce qu'ils étaient de gauche.
Des types (ce sont rarement des femmes) qui tirent sur des innocents, c'est fréquent aux États-Unis, et cela se produit partout. Cela doit nous amener ni à surinterpréter, ni à nous résigner.

lundi 12 mars 2012

Villepinte, 11 mars 2012

Quelques notes sur le discours de N.S. hier.
Frontières Il y a principalement trois sortes de choses qui peuvent passer les frontières : des gens, des objets, des euros.
Les gens, ça se voit, dans les transports en commun par exemple ; les industriels allemands en font passer beaucoup (sous-traitants payés six euros de l'heure), ce qui les aide à conserver la production chez eux, dans l'agriculture par exemple (domaine où ils exportent plus que nous, mais oui). Il est vrai qu'ils n'ont pas beaucoup de main d’œuvre locale (démographie presque à la russe). En France, les clandestins aussi font tourner une partie de la machine, dans la confection par exemple. Faire tourner des activités avec des immigrés sous-payés, est-ce une forme de délocalisation ou un moyen de l'éviter ? A moins que ce soit une manière d'avoir le beurre et l'argent du beurre ; pas le sourire de l'ouvrier français, en tous cas, à moins qu'il ne trouve un meilleur boulot, ici ou ailleurs. Les avantages de rester en France avec un prix de main d’œuvre sudiste : le rêve ! ... enfin pour les patrons concernés, bien sûr. A notre avis, il faut modérer, légaliser, humaniser, former, non pas éradiquer l'usage de travailleurs immigrés. Et puis les français n'ont peut-être pas encore tout compris : dans ma famille, plusieurs ont franchi l'atlantique, avec une carte verte, pendant les années Sarkozy. Ceux là ne sont pas contre l'immigration : ils sont immigrés (vus des USA). Pas si simple. La liberté de circulation des gens, ce n'est pas si mal, même au delà du Club Med, même pour nous. Qu'est-ce qu'il dit, NS ? Une chose assez différente de ce qu'il a fait, non ?
Les marchandises. Il faut avoir quelque-chose à offrir aux autres, produire ici (France, Europe) et se défendre contre la concurrence déloyale (dumpings de divers parfums). Certes. Plusieurs l'ont remarqué avant lui (par exemple Arnaud Montebourg) et F.H. en a pris acte. Assez différent de ce qu'a fait NS, non ?
Les euros. Alors là, on ne les voit pas passer, ils passent pas des câbles, parait-il. Ils font parfois l'aller-retour dans la nuit. Ils sont vraiment très libres de leurs mouvements. Il dit quoi, à ce sujet, NS ? Il parle de taxer un peu, je crois. Il a fait quoi, comme Président ? Une chambre de compensation européenne incontournable, il en pense quoi ?
L'expérience : excusez-moi, je n'en avais guère quand j'ai été élu, dit NS. Je croyais que c'était un grave handicap pour FH.
L'Europe, on va lui faire entendre raison dit NS (sur Schengen, sur la préférence Européenne). Je croyais que FH était grotesque de vouloir négocier une facette « croissance » dans la discipline commune européenne ? Oui, on doit se coltiner cette contradiction : c'est seulement ensemble que l'on résoudra nos plus gros problèmes, que l'on pourra peser sur le destin du monde, oui, l'Europe que nous connaissons est biaisée par une idéologie ultra-libérale, qui croit par exemple faire baisser le coût de divers services (renseignements téléphoniques, électricité) en introduisant la concurrence, alors que cela introduit le désordre et fait monter les coûts, dans ces deux cas. Oui nous devons construire une Europe différente, où les peuples reprennent le pouvoir ; et ça ne sera pas facile, la dernière fois que les sociaux-démocrates avaient pas mal de pouvoir, ils n'ont pas su faire ; mais courage, nous aussi on apprend. Et ça m'étonnerait beaucoup que NS soit disposé à affronter cette idéologie, et les intérêts financiers qu'elle sert.
Le contraste entre le discours de la semaine de NS et son action du quinquennat finissant est saisissant. Il n'apprend qu'au moment de repasser devant le jury ? Je crains qu'il ne vive surtout de postures, de communication ; pas la bonne, celle qui permet de comprendre, la tordue, celle qui permet de maquiller.

Faites le changement

Ce message ne relève pas de la la réflexion politique comme d'habitude mais de l'action.
Nous allons bientôt élire le Président de la République ; il ne changera pas complètement le monde, assurément, mais avec notre participation, il peut changer pas mal de choses. Commençons donc par contribuer à l'élection de François Hollande.
A cet effet, nous organisons une journée le 17 mars, samedi prochain sous le nom de Faites le changement. Nous vous y invitons. Cela se passera à la Mairie de Bièvres et devant ce bâtiment, de dix heures à dix-huit heures.
Des personnes qui soutiennent la candidature de François Hollande, dont certains sont membres du P.S. seront présentes et accueilleront les citoyens concernés.
D'abord celles et ceux qui souhaitent rejoindre nos équipes de volontaires : afin d'animer la campagne, de soutenir François Hollande, pourquoi pas de participer au financement – même très modestement -, d'organiser chez soi une réunion avec ses proches et voisins ou connaissances concernés, de diffuser de l'information, par voie écrite ou par voie électronique, de faire du « porte à porte » en direction de ceux qui n'y croient plus, de réfléchir ensemble à la société que nous voulons et à celle que nous ne voulons pas, aux progrès de la démocratie que nous voulons ou même dont nous rêvons.
Ensuite les citoyens, quelles que soient leurs habitudes ou préférences politiques – y compris l'abstention -, qui souhaitent dialoguer avec nous pour exprimer leurs problèmes – du moins ceux qui relèvent des orientations sociales, économiques, politiques (nous ne sommes pas très compétents en théologie, par exemple), pour exprimer leurs espoirs et leurs craintes, pour exprimer leurs interrogations, leur perplexité, voire leur scepticisme ou même leur opposition à telle ou telle proposition que porte François Hollande.
Nous tâcherons tous d'être courtois, à l'écoute, mobilisés et même intelligents, autant que nous en sommes capables.
Au delà de ce samedi, nous tâcherons, par voie de contacts directs, de réunions privées ou publiques, par voie électronique, de répondre le mieux possible à vos demandes, espoirs, interrogations. Et nous sommes persuadés d'une chose : certes, nous pensons que F.H. rassemble déjà beaucoup de bonnes idées, mais nous savons aussi qu'il ne suffira pas de voter : il faudra ensuite pousser à la roue, comme on dit, dans le bon sens, afin de ne pas se contenter d'éviter le pire ou d'atténuer le déclin économique et citoyen, mais de construire ensemble, de nous mobiliser nous mêmes pour prendre ou reprendre le pouvoir qui est beaucoup trop, chacun le sent, chacun le sait, dans les mains de la finance aveugle et cupide. Faites le changement.

vendredi 9 mars 2012

Le socialisme est-il un égalitarisme qui pousse à la paresse ?

Un copain Biévrois m'a fait suivre un courriel, issu de la communication d'un de ces groupes politiques anonymes qui expliquent combien il est préférable pour le peuple de se reconnaître dans les valeurs de droite ; peu importe lequel. Vous pouvez lire cet argumentaire en annexe, à la fin de ce message. J'estime intéressant d'y répondre parce qu'il exprime de manière assez représentative la morale de la juste rétribution de l'effort qui sous-tend la critique d'un « socialisme » présenté comme poussant à la passivité sinon à l'apathie et par là à l'appauvrissement général. Ce débat est d'actualité au moment où le débat fiscal se développe.
Ce discours est actuellement repris par les inénarrables candidats Républicains conservateurs à la Présidence des États-Unis, qui expliquent que Obama, trop « européen » et quasi-socialiste, veut une Amérique où chacun exigerait autant que son voisin, sans considération pour l'effort par lui fourni. Autrement dit, la morale de l'histoire racontée en annexe est que la redistribution prônée et parfois mise en œuvre par ces démagogues encourage la paresse et produit sa conséquence : la misère.
De quoi s'agit-il dans l'expérience présentée ? Voici une classe de Lycée où l'on égalise les notes obtenues par les élèves en remplaçant chaque note individuelle par la moyenne des notes du groupe, en sorte que toute motivation au travail disparaît et que la conséquence inévitable s'en suit : l'effondrement de la note commune, donc de celle de chacun.
Examinons de plus près cette parabole, en commençant par rester dans le domaine de l'enseignement et des performances scolaires ou intellectuelles. Parmi les jeunes que je connais, notamment l'adolescent que j'ai été, certains travaillent ou travaillaient, au moins écoutent l'enseignant pour comprendre des fragments du monde, pour savoir comment c'est ailleurs, comment c'était autrefois, comment cela peut être demain, comment on fait un objet, comment fonctionne un corps, une machine, une plante, une famille, une ferme, une usine, une société, que sais-je ; comment se fait-il qu'il y a de belles choses : des bâtiments, des statues, des tableaux ; pas d'abord pour des notes. Tant que les notes apparaissent comme un moyen de savoir si on a acquis la chose enseignée, elles sont bienvenues ; lorsqu'elles perdent cette qualité, elles perdent leur intérêt ; ça a vraiment fonctionné de cette manière pour moi et pour d'autres. Sinon, il suffit parfois de copier, de lécher les bottes, d'anticiper le contrôle ; parfois ça marche. Je résume : l'argumentation prend pour hypothèse que les élèves sont des imbéciles qui écoutent pour avoir de bonnes notes ou au moins des notes suffisantes pour éviter tout embêtement. Il ignore que l'on puisse vouloir apprendre pour savoir. Il ignore aussi que l'on puisse être indifférent aux notes, bonnes ou mauvaises, voire être ou faire semblant d'être fier d'appartenir à la confrérie du radiateur ou à l'aristocratie des surdoués indifférents aux notes.
Sans entrer dans la science de la connaissance, chacun sait que nos capacités intellectuelles viennent de trois sources ou dépendent de trois facteurs : des facteurs génétiques et biologiques, la culture transmise par les environnements non scolaire et scolaire, enfin le travail ou l'effort personnels fournis pour comprendre, apprendre, s'entraîner. Les performances mesurées par les notes, en gros, ne filtrent pas ces sources et en acceptent la synthèse réalisée en et par chacun : si seul l'électroencéphalogramme plat est sans espoir, on sait que nous ne partons pas égaux dans la course scolaire, ne fût-ce que par l'image de soi et de ses avenirs possibles. Au moins lorsque nous profitons du contenu de la tête des copains et des copines, en recevant leurs signaux verbaux ou non et notamment leurs interrogations, le transfert  de connaissances n'appauvrit pas sa source, celui qui explique ne s'abêtit pas ; sans recours à la moyenne arithmétique, il y a dans une classe des mécanismes de partage de la connaissance, et les notes peuvent servir aussi à constater des caractères partagés, collectifs, pas seulement à trier.
Mais, me direz-vous, comparaison n'est pas raison : ce que vise la parabole c'est la rémunération du travail, dont la note n'est qu'un équivalent métaphorique. Effectuons donc la transformation. Le socialisme serait cette société pseudo-idéale où les revenus seraient égalisés -au rouleau compresseur- ; si l'on parle du « socialisme réel », historique, que je connais un peu moins mal que d'autres ayant travaillé à Leningrad, les revenus n'y étaient pas du tout égalitaires ; certes pas répartis de manière optimale, ni comme en France, mais pas égalitaires, pas du tout. Distinguons le travail dont on reçoit directement le fruit de celui que l'on fait pour d'autres contre rémunération. Le travail que l'on fait directement pour soi ou ses proches existe encore : le travail domestique, le travail pour les enfants et quelques autres peu autonomes par l'âge ou quelque handicap ; le bricolage pour aménager sa maison, la micro-agriculture vivrière, l'entraide pour les courses, l'informatique, le taxi pour les enfants, l'auto-formation. Ce travail là n'est pas marginal, du moins pas pour tout le monde ; quand on est épuisé le soir, ce n'est pas toujours à cause du patron ; sans parler des indépendants, qui ne sont pas tous avocats ou médecins, mais aussi petits commerçants, artisans, cultivateurs, infirmiers et quelques intellectuels ou artistes. Pour tous ces travaux, la différence entre le travail bâclé et le travail bien fait est directement expérimenté : le retour d'expérience, le feed-back est là : la soupe est bonne ou ne l'est guère.
Mais venons en à la cible de la parabole : le travail salarié. D'abord, contrairement à ce que croient ceux qui ne l'ont pas lu, Monsieur Karl Marx (une des sources de l'idée de socialisme, pas la seule) n'a pas voulu salarier tout le monde ; il a au contraire critiqué le salariat comme coupant le travailleur de son travail, par l'échange du fruit du travail contre un salaire servant à entretenir la capacité et le besoin de travailler et de vendre cette capacité, justement. Certes, cet auteur n'avait pas tout compris ; mais croire qu'il voulait transformer tout le monde en des sortes de fonctionnaires est un contre-sens. Les « socialistes » d'aujourd'hui – sauf Jean-Luc Mélenchon peut-être – n'ont plus Marx en tête ; le jour d'une relecture critique, disons « mature », viendra peut-être et ne sera peut-être pas une perte de temps, sauf bien sûr en cas de relecture « religieuse ».
Il faut dire la vérité : nous, les êtres humains, que nous soyons ordinaires ou savants, nous n'avons pas trouvé l'indicateur indiscutable pour mesurer la juste valeur du travail : la quantité - le nombre d'heures, y compris en intégrant celles qui sont stockées dans les outils ou notre formation – n'est pas une bonne mesure : comment pondérer leur « qualité » ? Comment considérer comme égales l'heure de travail d'un enseignant, celle d'un trader, celle d'un chercheur, celle d'un tourneur, celle d'un employé de banque front-office (recevant les clients), celle d'un électronicien, celle d'un cultivateur, celle d'un caissier de super-marché ? Ridicule, n'est-ce pas ? Pas de problème, le marché répond à la question, en l'occurrence le marché du travail. Ben voyons. L'équilibre entre l'offre et la demande. Le marché bien (in)formé. Tant qu'il y a des gens prêts à travailler pour moins cher, on peut baisser les salaires. Tant qu'on ne trouve pas le « créatif » qui va créer le produit coqueluche, on peut proposer plus – pour un moment : joueur de foot, symbole sexuel, trader, manager, concepteur de produit, on est prêts à payer plus (on : nous les patrons ou nous les actionnaires). On sait maintenant (on : les économistes dignes de ce nom) que l'information des acteurs du marché est le plus souvent incomplète ou inadéquate, que l'équilibre n'est jamais atteint durablement – on ne fait que le traverser fugitivement -, on ne peut accepter les salaires à un euro de l'heure (on : la société européenne), on est choqués par les revenus à un million d'euros par mois. On sait ou on ressent tous la nécessité de mettre des bornes, en haut et en bas. On comprend surtout que « le marché » n'est autre que la résultante des comportements de ceux qui achètent et de ceux qui vendent, y compris lorsqu'il s'agit du travail, compte tenu de leurs rapports de force sociaux et économiques : on a parfois quelques pudeurs, quelques effarements, quelques règles à respecter ou à tenter de contourner. S'il suffit de préparer soigneusement sa délocalisation vers le Vietnam - ce n'est pas si facile – parce que ces gens là acceptent de travailler pour quelques dizaines de centimes de l'heure et ne sont pas particulièrement maladroits ni débiles, alors merci les dirigeants vietnamiens, merci le marché, merci les actionnaires, merci les décideurs. On sait aussi qu'il ne suffit pas de décréter : mettons le seuil bas à la moitié du revenu médian (pour causer comme un technocrate) pour que ça marche.
Et puis il existe des mécanismes de transfert de valeur dans le capitalisme, non ? On crée de la valeur avec du travail immédiat et du travail transformé en outils et autres connaissances : en capital. Il n'existe pas d'équivalent dans le travail scolaire, ou du moins le capital sur lequel on construit n'est pas explicitement possédé par un tiers. Dans l'économie, le rapport entre l'importance de ces deux sources est très variable : les logiciels libres sont produits quasiment sans capital, la construction d'une voiture consomme aujourd'hui une trentaine d'heures de travail au constructeur, essayez sans capital de faire une voiture en moins d'une semaine. Un berger utilise la nature, un capital (presque) non marchand, un maraîcher utilise des serres, c'est différent. Il est clairement légitime de rémunérer le capital. Cela n'a guère de sens d'émettre des règles du genre : un tiers de la valeur ajoutée pour les travailleurs, un tiers pour les actionnaires, un tiers pour investir ; ou du moins ce genre de ratios n'a de sens que eu égard à l'intensité en capital du système productif. Les chiffres magiques ne sont pas des constantes de la nature, ni fournis par un Dieu tout puissant. En revanche, on peut légitimement considérer que le capital est aussi le fruit du travail des générations passées et que le transférer d'un usage productif ici à un usage productif – ou non – là bas pose question. On peut aussi constater que le vulgum pecus vit dans un monde économique linéaire (grossièrement, pour gagner 10% de plus, il doit travailler 10% de plus), alors que tout le jeu des patrons et autres financiers consiste à faire mieux que le linéaire : plutôt du coté de l'exponentielle (qui croît plus vite qu'une droite) que de la racine carrée (qui croît moins vite qu'une droite) ; et la langue de la finance emploie abondamment la notion de levier : gagner beaucoup en plaçant peu, grâce à divers leviers. En fin de compte, le partage de la valeur entre le travail et le capital n'est pas nécessairement naturel et juste et notre parabole omet, bien sûr, cet aspect. Pour faire simple, nous n'imaginons pas d'Économie sans rémunération du capital, mais nous nous interrogeons sur la légitimité de l'allocation de l'essentiel du pouvoir de décision aux détenteurs de la finance. Sous cet angle, la parabole est non seulement misérable mais trompeuse lorsqu'elle affirme implicitement ou explicitement le caractère naturel, évident et légitime de tout revenu primaire, par contraste avec le caractère illégitime, pervers et contre-productif de toute redistribution.
Bon, alors, on sait quoi, et on fait quoi ? Ben voilà : on n'a pas la connaissance théorique de la « vraie valeur » du travail. Mais on sait deux ou trois choses : si on ne glande rien, on n'aura rien (on : les travailleurs, pas les rentiers ni ceux qui organisent les délocalisations, enfin tant qu'il reste quelque-chose à délocaliser) ; si on se fatigue mais en laissant fonctionner le marché sans entraves, avec des petits hommes (et des femmes) riches en mélanine (ça veut dire « de couleur ») se contentant d'une paire d'euros par jour ou d'autres, tout à fait ingénieurs et même parfois ingénieux se contentant d'une paire de dizaines d'euros par jour, il n'y aura plus chez nous que ceux qui savent bénéficier du travail délocalisé pour conserver un pouvoir d'achat, les autres pourront travailler dans le tourisme ou aller chercher pitance ailleurs ; ça s'est déjà vu, en Irlande par exemple ; ça peut se produire chez nous.
En tous cas une chose est sûre : payer tout le monde à la valeur moyenne de l'heure n'est pas envisagé, ne fût-ce que parce qu'on ne la connaît pas, cette valeur moyenne, sauf à faire une confiance en effet peu durable en l'arithmétique. Nous, les socialistes français, sommes d'accord, comme tout le monde, pour mieux payer le travail bien fait que le travail médiocre, pour filtrer le travail pourri, par le contrôle qualité, par la formation et si besoin la mutation des incapables vers des tâches moins cruciales. Mais nous savons aussi qu'avant la redistribution, il y a la distribution : pour schématiser, si un ingénieur gagne deux ou trois fois plus qu'un ouvrier, intuitivement, on n'est pas très choqué ; si le ratio devient cinquante, on se gratte la tête. On pourrait parler du rapport entre les rémunérations d'un professeur des Écoles et celles d'un prof de fac. Aucune constante de la nature ne nous dit où est le juste ratio ; ce que l'on constate maintenant, c'est que les revenus des travailleurs qualifiés se rapprochent souvent – vers le bas – de ceux du travailleur moins qualifié, alors que les revenus des dirigeants, des actionnaires, de ceux qui organisent la « création de valeur » qui est généralement du transfert de valeur des travailleurs aux actionnaires (des salaires aux dividendes) croissent et parfois explosent. Les produits de luxe, l'art spéculatif se portent bien. Autrement dit, la « dynamique » entre les hauts et les bas revenus, la torsion entre les salaires des gestionnaires des intérêts dominants et ceux, par exemple, des chercheurs qui tentent de fournir de nouveaux moyens de comprendre et de faire à la collectivité, les deux ayant besoin de compétences longues et difficiles à obtenir, ces indicateurs évoluent dans le sens de l'intérêt des financiers, pour faire court. Cela n'est pas l'inéluctable « nouveau sens de l'histoire ». Nous ne sommes plus très sûrs qu'il y en ait un, sens de l'histoire ; nous pensons en revanche que, au delà de leurs libertés individuelles, les hommes sont collectivement libres à l'intérieur des lois de la nature, lesquelles ne déterminent que très partiellement les « lois » économiques, le reste étant affaire de comportements partagés, parfois construits et acceptés de plus ou moins bon cœur. Il ne tient qu'à nous de maîtriser le rapport entre le revenu d'un producteur très qualifié et celui d'un autre moins qualifié. Et même lorsque la production est mesurable à l'instant T (en nombre de plants de riz repiqués par jour, par exemple, ou en nombre de séquences ADN élucidées), peut-être convient-il de modérer le rapport des revenus, parce que cette productivité va varier avec l'âge et l'état des vertèbres et que celle dont les vertèbres commencent à coincer a encore le droit de manger. La bonne question n'est donc pas celle de la redistribution mais celle de la distribution. Et la redistribution ne peut et ne doit corriger que marginalement la distribution : en gros, que l'on ne laisse pas crever de froid ou de faim ceux qui ne peuvent pas (ou pas assez) produire eux-même, pour cause d'âge (areuh ou agheuh), de maladie, de handicap. Pour moi (ce n'est pas dans le programme du PS, du moins pas aujourd'hui, mais on en cause parfois), la société idéale, du point de vue du travail, est celle où on ne travaille pas seulement pour gagner sa croûte, mais aussi pour produire les biens ou services que l'on estime utiles, parce qu'on le sait, parce qu'on le veut, pas parce que la publicité a « créé » la demande. Cela ne signifie pas la survie indéfinie de producteurs n'alimentant que des stocks. Alors que la social-démocratie s'est beaucoup occupée classiquement de redistribution, la tendance maintenant est de se poser la question de la production et de la distribution primaire, en permettant la construction de collectivités de travail organisées autrement que sur la base du pouvoir sans partage des actionnaires ; ne fût-ce que pour qu'elles survivent comme producteurs, ces collectivités. Contrairement aux apparences, cette histoire là ne fait que commencer et cette démocratie là est en enfance. C'est d'autant plus passionnant. Être en accord avec ce pour quoi (et ceux pour qui) on travaille fonctionne aussi comme motivation à (bien) travailler. Conquérir, parfois reconquérir, le contrôle en commun, à plusieurs niveaux, de règles contribuant à la maîtrise de l'Économie et de la distribution de la valeur produite – plus que sa redistribution – est une nécessité, délicate à concevoir et à mettre en œuvre, mais qui peut croire que l'avenir sera facile ?
En fait, qu'il s'agisse d'une personne, d'une organisation, d'une société, d'un « système », on ne critique jamais d'une chose que ce que l'on en comprend. La critique qui suit du « socialisme » ne parle pas de celui qui nous intéresse. Et elle est fondée sur une fausse prémisse : le caractère naturel de la distribution primaire. Elle fait semblant de croire que tous les agents économiques sont libres et égaux, comme des lycéens idéaux.

Annexe : l'argumentaire anti-paresse

Petite leçon de « socialisme »,
Un professeur d'économie dans un lycée annonce fièrement qu'il n'a jamais vu un seul de ses élèves échouer, à l'exception d'une année, où ce fut la classe entière qui a connu l'échec.
Cette classe était entièrement convaincue que le socialisme était une idéologie qui fonctionnait, et que personne n'était ni pauvre ni riche ! Un système égalitaire parfait.
Le professeur dit alors :
"OK donc, nous allons mener une expérience du socialisme dans cette classe. A chaque contrôle, on fera la moyenne de toutes les notes et chacun recevra cette note. Ainsi personne ne ratera son contrôle et personne ne caracolera en tête avec de très bonnes notes."
Après le premier contrôle, on fit la moyenne de la classe et tout le monde obtint un 13/20.
Les élèves qui avaient travaillé dur n'étaient pas très heureux au contraire de ceux qui n'avaient rien fait et qui, eux, étaient ravis.
A l'approche du 2ème contrôle, les élèves qui avaient peu travaillé en firent encore moins tandis que ceux qui s'étaient donné de la peine pour le 1er test décidèrent de lever le pied et de moins travailler. La moyenne de ce contrôle fut de 9/20 ! Personne n'était satisfait ...
Quand arriva le 3ème contrôle, la moyenne tomba à 5/20. Les notes ne remontèrent jamais, alors que fusaient remarques acerbes, accusations et noms d'oiseaux, dans une atmosphère épouvantable, où plus personne ne voulait faire quoi que ce soit si cela devait être au bénéfice de quelqu'un d'autre.
A leur grande surprise, tous ratèrent leur examen final. Le professeur leur expliqua alors que le socialisme finit toujours mal car, quand la récompense est importante, l'effort pour l'obtenir est tout aussi important, tandis que, si on confisque les récompenses, plus personne ne cherche ni n'essaie de réussir. Les choses sont aussi simples que çà.
Voici un petit extrait de discours qui résume parfaitement les choses : "Vous ne pouvez pas apporter la prospérité au pauvre en la retirant au riche. "Tout ce qu'un individu reçoit sans rien faire pour l'obtenir, un autre individu a dû travailler "pour le produire sans en tirer profit. "Tout Pouvoir ne peut distribuer aux uns que ce qu'il a préalablement confisqué à d'autres. "
Quand la moitié d'un peuple croit qu'il ne sert à rien de faire des efforts car l'autre moitié les fera pour elle, et quand cette dernière moitié se dit qu'il ne sert à rien d'en faire car ils bénéficieront à d'autres, cela mes amis, s'appelle le déclin et la fin d'une nation. On n'accroît pas les biens en les divisant."
Dr. Adrian Rogers, 1931
N'est-ce pas malheureusement l'état d'esprit d'une grande partie de nos concitoyens ?