vendredi 27 janvier 2012

Hollande et Juppé

Cette émission sur France 2 a eu plusieurs facettes. Une part a permis de mieux faire connaître Hollande, son enfance, sa jeunesse, ses batailles, son humour. Cela permet de mieux sentir la personne et c'est nécessaire. En langage de communicant professionnel, il s'agit de storytelling et, lorsque ce n'est pas trop « construit », c'est incontournable.
Une seconde part a permis de présenter ou préciser certains points du projet. Encore une fois, consultez plutôt le site de FH pour voir sur pièces ; clair, pour l'essentiel.
Vint ensuite la confrontation avec Alain Juppé. Je n'aime pas beaucoup ce genre de combats de coqs, mais c'est inévitable. FH a montré sa capacité à résister, voire à rendre coup sur coup. Dans les interventions d'Alain Juppé, j'en ai noté une que j'estime pertinente : sa critique de possibles effets de seuil dans la différentiation des taux d'imposition des entreprises (15% pour les plus petites, 35% pour les plus grandes). A mon humble avis, il convient d'effacer ce défaut , à mon moins humble avis cela est assez facile et cela m 'étonnerait que d'autres ne le disent pas ou qu'il ne trouve pas tout seul. Après les conseillers et autres cabinets, il y a aussi des Députés, non ? La séquence sur l'arrogance évoque en effet une question délicate : comment faire autre-chose que se faire « envoyer sur les roses » en refusant, par exemple, le caractère inconvertible de la monnaie chinoise ? FH a évoqué la convergence de plusieurs dirigeants occidentaux ; l'occident n'a certes plus toutes les billes en main, FH est bon pour coordonner, mais oui, il y a des défis, celui-ci par exemple, dont l'issue n'est pas certaine. Pas moins avec FH qu'avec NS, du reste. Au final, il y a des moments de brouhaha peu fécond, mais on sent surtout l'incrédulité d'Alain Juppé devant une défaite de son camp devenue vraisemblable, alors qu'il ne croit guère que les capacités de FH soient à la hauteur des enjeux. C'est nous, les électeurs, qui déciderons in fine.
Ne cédons pas à la tentation de regarder ces débats comme des matchs, avec quelque-chose de la jouissance perverse associée aux matchs de catch où l'on crie de joie à voir « le méchant » prendre des coups. Inutile de les imaginer se crêper le chignon en slip, corps huilés. Cherchons plutôt à trouver, en nous même ou ailleurs, ce qui permet de distinguer les bonnes positions des moins bonnes ; les bonnes ne sont pas toujours les plus faciles à entendre, ni les plus faciles à mettre en œuvre : elles sont celles dont nous avons besoin pour trouver ou retrouver des vies sécurisées, des vies parfois de luttes – dans les deux sens du terme, comme le djihad a deux sens, lutte contre notre propre bêtise et nos propres paresses, lutte contre l'adversaire qui domine injustement -, des vies parfois frugales, des vies où la fête ait une place, des vies librement choisies, des vies où l'on sorte des mécaniques d'impuissance, des mécaniques de haine, des vies où l'on puisse améliorer notre sort et celui d'autres bipèdes.

jeudi 26 janvier 2012

Le projet de François Hollande

Sans attendre (pour une fois), nous vous invitons à prendre connaissance du projet de FH tel qu'il vient de l'exprimer ce 26 janvier 2012. Mieux vaut le lire ou l'écouter directement que d'attendre les commentaires, pas toujours objectifs. Sans prendre le temps d'analyser les choses finement, voici quelques points :

  • FH a pris la peine de chiffrer son projet dans le contexte de la nécessaire maîtrise de la dette ; ce faisant, il exprime la responsabilité d'un candidat qui ne veut pas faire de promesses intenables, il veut mériter la confiance des Français sur ce point aussi et rendre difficile le prévisible angle d'attaque des partisans du Président sortant qui ne pourront sur ce point, à mon humble avis, recourir qu'à la désinformation ou au procès d'intention.
  • Du point de vue social, plusieurs mesures importantes sont confirmées, notamment concernant le logement (par exemple doublement du plafond du livret A améliorant le financement du logement social par la Caisse des Dépôts) et l'éducation seront rapides sinon immédiates. D'autres, comme le développement des crèches sont soumises à la constatation des possibilités de l'avenir (de la croissance).
  • Du point de vue de l'orientation économique, je perçois un équilibre nouveau entre des mesures de type Keyneysiennes (soutien à la demande, création d'euro-obligations) modérées et des mesures de type Schumpeteriennes (soutien à l'innovation et à la production) importantes, tout en rétablissant la justice, par exemple par l'égalité des taux d'imposition entre les revenus du travail et celui du patrimoine.
Nous allons prendre le temps d'y regarder de plus près. Vous pouvez commenter, souvenez-vous.

mercredi 25 janvier 2012

Le meeting de François Hollande au Bourget

Dimanche 22 janvier, je suis allé écouter François Hollande au Bourget. Pour participer, pour l'éventuel plaisir de sentir passer un courant, pour comprendre un homme encore un peu mystérieux, pour percevoir la réaction de ce public aux thèmes abordés. Du bus nous menant de la gare RER du Bourget au palais des expositions, j'ai vu des groupes de joyeuses adolescentes maghrébines, portant le foulard islamique ou, en cheveux, sortant un foulard de leur sac pour se couvrir, sans doute à l'approche d'un quartier où c'est devenu la règle. Perplexité, on en reparlera. Puis j'ai constaté être arrivé assez tôt pour entrer dans la salle, pas assez pour avoir une place assise. J'ai rencontré un copain de Verrières. Dans le goulot d'étranglement de la porte, j'ai souri à une Dame de soixante ans, sans doute elle aussi maghrébine, portant un foulard – comme ma mère marseillaise en portant autrefois - ; encouragée par mon sourire, elle m'a dit « allons-y, il faut se battre, il faut gagner ». Je la sentais prête aux youyous et pourtant bien de chez nous. Après quelque errance pour tenter sans succès de trouver une place assise, dans une relative bonne humeur n'excluant pas un peu de tension, je trouve une place debout dans un escalier, sur la marche en dessous d'une autre Dame qui s'avère adjointe au Maire de Paris. Cela me fait plaisir : des personnes utiles voire d'une certaine importance n'ont pas de confortable siège réservé et protégé par service d'ordre ; et sa conversation est intéressante en attendant l'ouverture du meeting. Laurianne Deniaud, que j'avais « découverte » à La Rochelle, fait une bonne introduction. Yannick Noah pousse quelques bonnes chansonnettes ; il me choque un peu lorsqu'il souhaite le succès à « notre chef » ; François Hollande n'est pas mon chef.
Puis vient le discours de François Hollande. Voici quelques notes. F.H. insiste sur le fait qu'il cherche à nous représenter, à rester fidèle à ses convictions, à se demander à chaque tournant « cette mesure est-elle juste ? », pas à être notre chef, pas à profiter de la situation. Merci, ça tombe bien ; en plus, je le crois sincère.
F.H. désigne le seul ennemi : la finance cupide et cynique. Tous, enfin toutes les personnes à la fois informées et libres (par rapport à la finance, justement), le savent : le pouvoir acquis par la finance est excessif, injuste, insupportable, il nous mène dans le mur. Ils ont des « assurances » qui spéculent sur le malheur des autres, des ordinateurs qui déplacent des milliards en quelques millisecondes sans la moindre considération pour leurs effets sur l'économie réelle, ne parlons pas des travailleurs, ils prêtent à fort taux l'argent qu'ils n'ont pas mais la monnaie qu'ils créent (on en reparlera aussi), ils sont opaques. Les plus dangereux ne sont pas les banques instituées mais les hedge-funds, les paradis fiscaux, les spéculateurs. Il ne s'agit pas de vieux clichés de Kapitalist en haut de forme et cigare, il s'agit de prises de pouvoir réel, de la capacité de mettre des peuples à genoux, du confinement de la démocratie au choix d'aménagement des espaces verts, quand ils ne les dérangent pas. François H désigne le but : rendre le pouvoir aux citoyens, aux gens, au peuple, non à je ne sais quel Peuple mythique et alibi. Ce n'était pas si clair qu'il allait le faire ; plusieurs ont été surpris : Mélenchon se plaint qu'on marche sur ses plate-bandes, les banquiers s'étonnent et se défendent mezzo-voce. Ils n'ont pas tort de dire qu'ils ne sont pas les plus coupables, du reste.
F.H. replace son but dans la grande tradition républicaine de la lutte pour l'égalité. L'égalité n'est pas l'uniformité ; c'est l'égale possibilité pour chacun de choisir sa voie, de choisir les efforts qu'il accepte et les bonheurs qu'il cherche, dans le respect des autres, souvent en concertation et en coopération avec « les autres ». C'est l'abolition des privilèges qui persistent, renaissent ou naissent.
F.H. annonce des mesures précises. Peu s'y attendaient.
F.H. donne une priorité à l'avenir des jeunes ; pas pour passer la main dans le dos d'une catégorie, mais pour désigner l'espoir de tous, y compris les générations qui les précèdent.
Il ne cache pas les difficultés et annonce qu'il ne faudra pas compter (ou du moins beaucoup moins compter) sur les crédits de la finance.
Il annonce des mesures pour le progrès des institutions : non-cumul des mandats, indépendance des médias et de la justice, réduction des indemnités des ministres et du président, responsabilité du premier ministre. Allons-nous réussir cela ?
Deux fois, je me suis trouvé minoritaire dans la salle à exprimer mon accord. La première fois, il a dit que notre transition énergétique devait viser, pour les années à venir, trois piliers : nucléaire, énergies renouvelables, économies d'énergie ; non pas combustibles fossiles. Je soutiens cette position, qui n'est pas du baratin. En cachant certains problèmes, en virant une dirigeante responsable (Lauvergeon) pour un opportuniste copain, en proposant des centrales à Kaddafi, N.S. a contribué à rendre le nucléaire impopulaire. La seconde fois, F.H. a exprimé l'intention d'un effort particulier en direction des personnes en situation de handicap ; l'audience ne s'est pas sentie concernée ; sans doute ignore-t-elle qu'il y en a environ dix pour cent, que cela peut arriver à chacun de nous.
En revenant de Massy-Palaiseau à Bièvres, j'entends à la radio une (ou la, je ne sais) porte parole de François Bayrou : hélas, elle n'a pas du tout entendu la même chose que moi : elle dit que le blocage des loyers n'est pas la solution (construire est la solution), alors que F.H. a très clairement limité cette perspective aux cas où ces loyers dépassent clairement la mesure et il y en a (avez-vous regardé où les rapports loyer-annuel sur valeur de l'immeuble sont les plus élevés ?). Elle a dit que ce n'est pas le moment de faire des promesses merveilleuses, alors que j'ai surtout entendu un appel à résister au pouvoir de nos vrais maîtres, les financiers ; si elle croit que ça va être facile... Je pense plutôt qu'elle fait mine de le croire ou bien elle pense que ces intentions ne résisteront pas... à la résistance des financiers.
Cela annonce beaucoup de désinformation de la part de la Droite, ou plutôt des Droites. Il faudra continuer la désintox. Mais oui, F.H. m'a surpris comme il en a surpris d'autres : il est clair, sincère, prêt à se battre avec nous ; un courant est passé. Reste pas mal de boulot, avant les élections et peut-être surtout après.
Je vous propose deux liens : l'un de l'équipe de François Hollande d'où l'on peut voir le discours et aussi les principales propositions. L'autre du Nouvel-Obs où l'on trouve une analyse lisible.

mardi 10 janvier 2012

Bonne année 2012


Nous vous souhaitons une bonne année 2012. Pour chacune et chacun d'entre vous en tant que personne. Nous ne sommes pas d'abord des homo-economicus ni des homo-politicus, mais bien des personnes qui ont des corps à qui nous souhaitons une bonne santé, des personnes qui ont des émotions à qui nous souhaitons la paix mais aussi la réalisation de leurs désirs, le développement de relations humaines riches avec quelques autres bipèdes. Nous vous souhaitons, à vrai dire nous souhaitons aussi pour nous-même, d'échapper à quelques dominations : celle du corps et même du cerveau par la maladie, le stress, celle de notre temps « libre » par l'idéologie du divertissement – surtout, ne pas penser à la réalité - , celle du porte-monnaie par les prix qui montent et les revenus qui hésitent (ou n'hésitent pas), celle du temps de travail qui n'est plus là pour faire ce que nous voulons voir fait mais pour enrichir des financiers, celle du temps reconquis qui nous est reproché, celle des besoins qui nous sont indiqués, celle de la fête dégradée en vacarme, celle du sucré sans sucre, du sexe sans amour, du gras sans graisse, de l'écologie-peinture, de la solidarité-façade, de l'identité qui rejette, de la ceinture pour les uns.
On ne fera pas le paradis terrestre cette année, ni la suivante. Mais on peut faire quelques pas vers la liberté de vivre chacun ce qu'il veut réaliser, dans le respect de l'autre, souvent avec lui ; avec elle. Cela dépend un peu de notre prochain Président de la République, de notre prochaine Député ; vraiment. Cela dépend aussi des « marchés » qui ont le pouvoir, plus que nos élus, qu'ils soient agités ou normaux. Mais cela dépend surtout de nous, chacune et chacun, séparément et ensemble. Nous souhaitons passer à une cohabitation entre les marchés anonymes, des représentants politiques qui nous représentent et le retour de « nous », le peuple, sans grand P, qui prenions le pouvoir de comprendre, de rêver, de décider, de faire ; sans commissaires politiques, sans grand communicateur, sans le comique de répétition des sauveurs de l'Europe. Vaste programme. Bonne année 2012.

Ecologie

Un peu avant Noël, je suis allé à une réunion publique à Chaville – pourquoi pas – organisée par EELV autour du thème « sortir du nucléaire ». Il y avait une élue du Conseil Régional, intelligente, un vieil ingénieur amoureux de l'électricité, un probable trotskyste suggérant de ne plus causer aux traîtres à la classe ouvrière, quelques militants honnêtement convaincus de l'intérêt des énergies renouvelables, une ménagère inquiète de l'insuffisance de sa bonne volonté, un socialiste avoué (votre serviteur), pas mal de silencieux, intéressés.
Je résume. L'oratrice nous a expliqué comment la comparaison du coût de l'énergie nucléaire avec l'énergie renouvelable était biaisée par l'impasse sur le coût d'une nouvelle génération de centrales nucléaires (les nôtres vieillissent) ; elle n'avait pas tort, je crois. L'ingénieur a dit que rien de beau – lumière, chaleur, IPAD – sans énergie électrique. Ricanements tragiques. L'oratrice nous a expliqué que le conseil régional avait à peu près trouvé la solution pour rénover l'habitat collectif ancien malgré l'indifférence des propriétaires aux coûts de chauffage supportés par les locataires. Très intéressant. Je leur ai dit que je ne partageais pas leur focalisation contre le nucléaire : le kérozène non taxé, les combustibles fossiles pleins de CO2, l'économie du gaspillage, de l'obsolescence programmée me paraissant plus toxiques. Mais j'aime les négawatts (économie d'énergie), vraie direction de survie. Des murmures d'approbation ont été émis. Un homme a déploré l'affadissement de l'idéal écolo par les compromis avec l'homme normal quoique socialiste. La Dame a expliqué que ce n'est pas parce qu'on n'est pas d'accord sur tout qu'il ne faut pas discuter, voire faire des compromis et s'allier. Elle a expliqué qu'elle n'était ni collectiviste ni socialiste, que l'appartenance à l'Etat ne garantissait pas la vertu, suivez mon regard vers AREVA.
J'ai pensé, mais je n'ai pas dit parce qu'il était tard, que la Dame ne voyait peut-être pas clairement que le gaspillage, la croissance (des bénéfices des marchés) était programmée par des financiers soucieux de la communication verte mais pas d'une nouvelle économie d'abondance frugale et solidaire. On peut être socialiste et fier des fumées d'usine, écolo et inconscient du pouvoir des marchés. On peut aussi comprendre que la croissance exigée par « les marchés » nous envoie dans le mur, qu'il convient de faire croître des choses et décroître d'autres. Bref on peut vouloir une société juste et durable. Mais il faut pour cela être intelligents et forts. Difficile. Continuons.

Nicolas Sarkozy

Comme vous avez compris si vous me lisez de temps en temps, ce n'est pas vraiment mon truc de dire du mal de cet homme. Il a passé sa vie à faire de grands efforts pour rejoindre le cercle des riches, grâce à Neuilly sur Seine, il a réussi, chapeau. C'est d'eux qu'il est solidaire, bien sûr. Il comprend qu'il faut faire quelque-chose pour le populo, pas seulement des simagrées. Quand il veut introduire la Taxe Tobin, il faut la voter, même si c'est en partie une manœuvre et si la bonne solution est à une échelle plus vaste. Bien sûr les Brits défendent la City.
Mais N.S. est surtout un manœuvrier, presque un contorsionniste. Ses contradictions sont époustouflantes. Voyez à ce sujet l'abécédaire.
Ses efforts avec Madame Merkel pour sauver l'Euro et l'Europe tous les quinze jours relèvent du comique de répétition. Ils cherchent surtout chacun à faire durer une Europe dominée par les marchés et dirigée par les (petits, moyens et grands) chefs nationaux, en tâchant d'atténuer la souffrance des peuples, mais surtout à expliquer qu'elle est inévitable et que ce n'est pas de leur faute ; mieux, que eux seuls peuvent nous protéger. Savez-vous que l'espérance de vie des pauvres a baissé en Allemagne depuis dix ans ? Le beau modèle en vérité ! Mieux vaudrait une Europe « vraiment » démocratique et dirigée par des élus européens, c'est bien sûr possible, mais pas au bénéfice du syndicat des chefs d'Etat et de gouvernement. Hélas, les syndicats, même patronaux, ne sont pas toujours au service de l'intérêt général.
Ses efforts pour expliquer que les 35 heures sont coupables de presque tous nos ennuis et pour sauver les banques sont pathétiques. Cet homme sera encore écouté et nous aussi devons l'écouter ; pour décrypter et comprendre qu'une autre voie est possible et préférable.

François Hollande

F.H. Nous a écrit une lettre ; par « nous » je veux dire à une large part de ceux qui ont pris part aux primaires, et à travers le journal Libération. Elle est claire, mesurée, volontaire. Je vous invite à la lire avec attention, sans abandonner votre esprit critique et sans procès d'intention. Le diagnostic est clair, le discours n'est pas démagogique, la direction proposée est claire, elle aussi. Les élections seront sans doute un moment difficile ; mais le plus difficile sera la reconquête d'un avenir et su pouvoir maintenant abusivement conquis par « les marchés ». Ce ne sera pas seulement - pas surtout - le boulot d'un homme, mais aussi des autres élus, de hauts et petits fonctionnaires, des citoyens que nous sommes, agents économiques aussi.

Seafrance

Il se trouve que je suis ce dossier d'assez près, pas seulement par les médias. Faire une SCOP est excellent. Essayer d'en faire une avec des dirigeants peu crédibles (en compétence et en comportement) peut faire plus de mal que de bien à l'idée même de SCOP et aux autres SCOPs, sans parler des marins concernés. Et il faut des sous. Vous avez essayé de trouver un site Internet d'où participer à l'effort ? Introuvable. Tenter d'extirper de l'argent public, pourquoi pas, mais certainement pas pour un groupe lâché par la CFDT aux niveaux supérieurs. Chacun sait qu'il y a des syndicats peu honorables ; ils font du tort à l'idée et à la réalité de ceux qui s'organisent pour défendre les salariés. C'est si facile d'en renforcer l'idée du « tous pourris ». Pas de lynchage, cependant. Restent les marins et les officiers, pas tous pourris, bien sûr. Il faut trouver des solutions, globales ou par morceaux.

Elections Législatives

Le PS a choisi son candidat pour les législatives de juin. C'est Maud Olivier, Maire des Ulis. Je la connais, j'ai confiance en elle, je la soutiens et la soutiendrai, pas seulement par la COM, aussi en travaillant avec elle sur quelques dossiers. Son travail aux Ulis est remarquable. Il est intéressant de lire son site http://www.maud-olivier.fr/ Ses valeurs sont solides, son intelligence s'étend à beaucoup de nos problèmes. Elle n'a pas de recette pour sauver le monde toute seule, mais elle sait dans quelles directions travailler. La soutenir n'est pas perdre son temps.

La voie de l'espérance

Je ne crois plus au Père Noël, et pas seulement parce que je suis sexagénaire. J'ai travaillé en Union Soviétique. J'ai vu que les révolutionnaires iraniens étaient pires que le Shah, que les khmers se battant contre les américains, du moins ceux qui les ont dirigés, étaient des tortionnaires. Je vois aussi que les sociaux-démocrates sont assez secs sur la société qu'ils veulent in fine : restons dans le capitalisme comme un moindre mal, modérons le et humanisons le ; mais ils (nous) ont fait de trop beaux cadeaux aux marchés ; peu de « vision ». Les gens « plus à gauche » n'ont pas tout compris non plus (culture du chef, peu de travail sur la démocratie, silence ambigu sur la notion de révolution) ; je cause de temps en temps des écolos. Les centristes croient un peu trop au Père Noël équilibré ou équilibriste, on en reparlera. La bonne vielle Droite peut se contorsionner, il n'y a pas grand chose à attendre d'elle : c'est plus facile de stigmatiser l'arabe du coin que le lointain financier. Alors, mec, on désespère ? Non. Des gens comme Maud Olivier font un excellent travail local et ce n'est pas si facile. Et puis j'ai lu récemment un petit bouquin que je vous recommande. Les auteurs sont Stéphane Hessel et Edgar Morin ; le titre est « Le chemin de l'espérance » ; ça coûte moins de cinq euros et est disponible en livre électronique par exemple chez Amazon.
Pourquoi cela ouvre-t-il un vrai chemin ? On connaît Stéphane Hessel notamment par son opuscule sur les indignés. Edgar Morin est caractérisé par le fait qu'il assume une pensée complexe. Cela ne veut pas dire incompréhensible. Cela signifie que la réduction à des schémas simplistes – croissance ou non, capitalisme ou non, écologie ou non, mondialisation ou non – nous fait perdre notre temps et passer à coté des chemins praticables. Il faut croître et décroître, mondialiser et démondialiser. Est-ce à dire d'autres contorsions et un extrême centre incohérent ? Non. Le diagnostic est clair ; la dictature des marchés est là et elle est insupportable. La gauche n'a pas reconstruit une vision claire de l'avenir, elle doit le faire. La révolution à la Lénine n'est pas la solution. On propose dans ce petit livre une métamorphose, avec des éléments de programme pour maintenant et aussi pour demain, avec une stratégie générale : « envelopper » le capitaliste, le modérer et le réguler par la démocratie (le pouvoir de tous), construire les alternatives – une société plurielle et non totalitaire – par l'économie sociale et solidaire et d'autres voies nouvelles, dépasser le capitalisme. Ce n'est pas une pommade.
Certains lecteurs y voient des idées trop générales. J'y vois la bonne direction. Il ne s'agit pas d'un nouveau parti, mais de gens qui réfléchissent ; dans la désordre économique et parfois mental où nous sommes, ce n'est pas du luxe. Cela n'ouvre pas une voie facile, bien sûr. Nous devons écouter, réfléchir et travailler, pas seulement nous rallier.
Conclusion de ce long « post » : mes excuses pour un long silence. Il y a place ici pour d'autres expressions ; proposez. 
Jean-Luc Escudié