lundi 28 mai 2012

Maud Olivier, une femme normale


Maud Olivier est candidate du PS aux élections législatives de juin, pour la cinquième circonscription de l'Essonne ; mais encore ? Beaucoup s'apprêtent à voter pour elle, moi par exemple. Mais que savons nous d'elle, à part le fait qu'elle est Maire des Ulis et qu'elle représente le PS dans cette bataille ? On en dit un peu plus ici ; on n'a pas besoin de tout savoir sur sa couleur préférée et ses lectures quand elle avait seize ans. C'est la personne publique qui nous intéresse. Mais trop séparer les deux facettes peut nuire ; et on ne perd pas à en savoir un peu plus aussi sur la militante.
Racines. Les origines sont limousines : parmi les quatre grand parents, une agricultrice, un cheminot, un professeur de violon, une couturière. Du côté des racines militantes, un père permanent à la CFDT d'Edmond Maire. Où a-t-telle vécu ? Paris, puis l'Essonne dès l'âge de cinq ans : Longjumeau, Massy, Palaiseau, Les Ulis...
Des études classiques à la fac, langues vivantes, puis relations publiques ; en pensant d'abord à travailler en entreprise. Nous avons besoin de personnes qui connaissent la vie normale, j'allais dire la vraie vie.
Travail. Maud Olivier a travaillé dans une grande entreprise privée, dans les relations publiques surtout ; elle y a rencontré son mari, chercheur, qui est encore vraiment à ses cotés, j'en témoigne. Puis comme commerciale, dans d'autres entreprises ; jusqu'à son élection comme Maire.
Famille. Une fille ingénieur CNRS, une petite fille, un mari, le même depuis trente cinq ans. Une femme normale, on vous dit.
Vie politique. Maud Olivier a rejoint le PS en 1981. Elle est devenue conseillère municipale aux Ulis en 83, Maire Adjoint à l'urbanisme en 89. A la mort de Jean-Marc Salinier en 2002, elle prend sa succession comme premier adjoint. En 2008 elle devient Maire. Elle est persévérante. Du coté du Conseil Général, elle le rejoint en 2002, est d’abord vice-présidente en charge des sports, maintenant vice-présidente en charge de la lutte contre la discrimination et pour l'égalité.
Les Ulis ont environ vingt cinq mille habitants, c'est essentiellement une ville nouvelle, caractérisée par la mixité sociale ; il n'y a pas que des couches populaires, il y a aussi des cadres par exemple. Des immigrés, pas de ghettos ; j'y ai circulé pas mal à pied, je n'ai pas vu de quartier où un français de souche est regardé avec méfiance, ni de quartier où un immigré semble saugrenu. Une vie culturelle, associative, des conseils de quartier qui décident vraiment des choses. La médiathèque est riche. Ce n'est pas Neuilly, ni Bièvres ; ce n'est pas désagréable. Je crois même que ce serait difficile d'avoir mieux fait ; il faut toujours mieux faire, certes : la terre va continuer à tourner.
Cumuls. Maud Olivier a signé l'engagement du PS, qui va plus loin que la Loi pour limiter les cumuls : élue Députée, elle n'aura pas d'autre mandat exécutif (Maire ou Adjointe, Vice-Présidente au Conseil Général). "Les parlementaires ne pourront cumuler leur mandat et leur fonction avec la responsabilité d'un exécutif local" dit le texte. Mais elle conservera les deux bouts de la ficelle : l'intérêt pour nos territoires et ses habitants, et le travail législatif à portée nationale.
Quand on demande à Maud Olivier sur quelles questions elle focalise sont attention et son effort, elle a une seconde d'hésitation : son parcours, son expérience de Maire ont fait d'elle une généraliste en quelque sorte : elle a travaillé sur les questions sociales, scolaires, le cadre de vie, le logement, la recherche ; et sur l'égalité et les discriminations, bien sûr. Députée, elle va affronter de nouvelles questions et utiliser un peu autrement son expérience, ses valeurs, sa capacité de travail. Sans se séparer de ses racines limousines, essonniennes, militantes. Une personne qui vit dans la réalité et ne perd pas le nord.  

samedi 26 mai 2012

Débat du 24 mai à Bièvres : quatre thèmes

Le social et l'économique

Cette section présente à peu de choses près mon intervention le 24 mai 2012 lors de la réunion publique à Bièvres. 
La période actuelle est fatigante pour celles et ceux qui sont concernés par les enjeux actuels et choisissent de comprendre et d'agir. Je réalise ces jours-ci qu'il y a une contre-partie à ce travail : il ne se passe pas de jour ou presque où je ne croise un éclairage nouveau (au sens ignoré ou négligé jusqu'ici), souvent significatif. Pour moi – parmi bien d'autres - , je suis concerné par plusieurs questions : « qui a le pouvoir » et « mais c'est quoi, ce bazar où nous sommes ». Autrement dit par le Pouvoir et l'Intelligence ; par comprendre et pouvoir. On dit banalement que l'intelligence est nécessaire au pouvoir. Depuis longtemps, l'intelligence tout court ne m'intéresse guère. J'ai été chercheur en physique, en intelligence artificielle, analyste des performances industrielles, j'ai cherché à dimensionner des équipes, des tuyaux d'eau des tuyaux d'air, des poteaux en bois. A chaque fois, ce n'était pas la même chose qu'il fallait comprendre et mon « intelligence » passée se manifestait comme assez impuissante pour le nouveau défi. Alors, j'ai pris deux partis, l'un sage et l'autre fou. Le parti sage est de réaliser que « comprendre », ce qui est l'objet de l'intelligence, est un verbe transitif : il faut dire ce que l'on comprend ou ce que l'on cherche à comprendre ; sinon, on est n'est qu'un fat, un imbécile heureux, pas assez intelligent pour savoir qu'il ne comprend pas tout, notamment pas ce qu'il devrait comprendre. J'avais depuis longtemps distingué l'intelligence de type Métis (habileté, notamment à dominer les autres) et celle de type Thémis (capacité d'en comprendre assez pour résoudre les problèmes). Lundi dernier, j'ai écouté un exposé de Patrick Villeret à la Bourse du travail où il a développé un argument similaire concernant Pouvoir. Le Pouvoir, substantif, prend lui aussi un sens moins magique lorsqu'on examine le verbe : pouvoir quoi ? Le Président de la République peut beaucoup, mais pas tout : il y a les autres pouvoirs institués, il y a les marchés, il y a le peuple, il y a la nature. Chacun à sa manière peut faire ou bloquer certaines choses, pas tout, même le peuple, même la nature, si l'on accepte l'idée de s'en distinguer sans s'en retirer. Le truc qui peut tout est une idée, que l'on peut penser « réalisée » quelque part, qui ne nous concerne pas ici, on ne cause pas théologie. Ces temps-ci on s'intéresse plutôt au pouvoir législatif, que l'on espère être davantage qu'une courroie de transmission de l'exécutif, mais un autre contributeur à cette espérance dont le Président est une pièce importante. J'ai annoncé un second parti, fou celui là : c'est celui d'être un honnête homme ; pas au sens d'un type pas trop malhonnête, au sens du XVIIème siècle, rendez-vous compte : pas tellement au sens d'un type bien élevé non plus ; au sens d'une personne qui peut, moyennant quelques efforts, comprendre l'essentiel de ce qui est humainement entendable et le concerne, lui et quelques cercles de ses semblables. Bien sûr c'est plus difficile aujourd'hui qu'il y a quatre siècles. Mais je ne peux me résigner à ne « comprendre » que ce qui est nécessaire à mon patron augmenté de quelques autres leaders et décideurs dont je dépend, ainsi qu'à mon fonctionnement quotidien de base : je veux aussi comprendre, au moins pour partie, d'où je viens et nous venons, ce qui nous conditionne ou nous contraint, ce que nous pouvons vouloir, ce que nous pouvons construire. C'est ma conception exigeante de la vie en général et de la citoyenneté en particulier.
Essayons de comprendre la situation sociale, la situation économique, la dette, la crise, la croissance, tout ça. N'ayez crainte, c'est rapide, mais c'est cette semaine un peu plus complet que la semaine dernière. Tout ça est horriblement complexe, sauf à être un adepte néandertalien de slogans  ou pseudo-solutions usés jusqu'à la corde ? Ou sauf à croire au grand complot ? Voyons voir.
Ce que j'avais déjà compris la semaine dernière.
L'économie de marché a longtemps fonctionné à peu près correctement, à part quelques guerres qui ne sont pas des détails, lorsqu'elle a accepté quelques règles du type de celles de l'accord de Philadelphie. Extrait :
a) le travail n'est pas une marchandise;
b) la liberté d'expression et d'association est une condition indispensable d'un progrès soutenu;
c) la pauvreté, où qu'elle existe, constitue un danger pour la prospérité de tous;
d) la lutte contre le besoin doit être menée avec une inlassable énergie au sein de chaque nation et par un effort international continu et concerté dans lequel les représentants des travailleurs et des employeurs, coopérant sur un pied d'égalité avec ceux des gouvernements, participent à de libres discussions et à des décisions de caractère démocratique en vue de promouvoir le bien commun.
Cet accord reste le fondement de l'Organisation Internationale du Travail (OIT), organisation beaucoup moins contraignante que celle du commerce...
L'idée, clairement exprimée par Ford notamment et effectivement mise en œuvre, était que les salaires devaient augmenter autant que la productivité. C'est la révolution conservatrice de Reagan et Thatcher qui a fait dériver les choses.



Depuis 1975 et la contre-révolution conservatrice, la dette globale a explosé : pour maintenir leur niveau de vie et leur « rêve américain », l'État fédéral, les États fédérés, les entreprises et les ménages se sont ensemble lourdement endettés (358 % fin 2011). Les uns pour faire bonne figure vis à vis des électeurs, les autres pour maintenir leur niveau de vie, en comptant notamment sur la croissance des prix de l'immobilier, c'est à dire en spéculant sur ces prix. Cela a produit des bulles aux États-Unis, en Espagne, en Chine. Cela a été fait avec la bénédiction de la finance : tant que l'emprunteur reste solvable, le prêteur est content de prêter. Surtout lorsque, comme c'est le cas, c'est lui (banquier) qui crée la monnaie et touche des intérêts sur la monnaie créée par lui-même. Où est passé l'argent ? Par la baisse des impôts et les intérêts de la dette, il est passé dans la poche des 1% des gros revenus. Les gains de productivité ont été confisqués. La part des salaires dans la valeur ajoutée a diminué de 10 % en trente ans.


Résultat : le chômage a augmenté lourdement. Sans parler du fait que la moitié des gens qui sortent de Pôle-Emploi le font sans avoir retrouvé de travail (l'indemnisation n'a qu'un temps).
Mais les arbres ne montent pas jusqu'au ciel, les dettes ne peuvent croître indéfiniment, les bulles finissent par éclater.

On peut alors à juste titre tenter de relancer la croissance. Mais il est possible que cet effort nécessaire ne donne que des résultats partiels et insuffisants.




En effet, au delà de ce que montre ce graphique, la croissance dans les pays de l'OCDE baisse tendanciellement depuis plusieurs dizaines d'années.

Ici intervient un nouveau phénomène et je vais vous raconter une petite histoire. Depuis fort longtemps, face au risque d'incendie, on peut assurer sa maison : si elle brûle, on sera à peu près remboursé. De même, un producteur de blé peut prendre une sorte d'assurance : si la grêle est forte et au mauvais moment, il pourra, s'il a acheté les produits financiers adéquats et éviter d'être ruiné par la perte de sa récolte. Puis sont apparus d'autres produits financiers : si le prix du blé s'effondre, le cultivateur va toucher de l'argent ; cela fonctionne encore comme une assurance contre des aléas économiques cette fois-ci. Mais, au nom de la liberté, un verrou saute : il n'est plus nécessaire de produire du blé pour acheter des produits qui vont vous enrichir si ce cours baisse. C'est tout à fait comme si vous pouviez assurer non plus votre maison mais celle du voisin contre l'incendie ! L'acheteur de ce type de produit peut être tenté d'utiliser une boite d'allumettes, n'est-ce pas ? Si vous êtes un petit épargnant qui achète des produits financiers (on appelle ça des produits dérivés) permettant de gagner lorsque un prix baisse, vous ne pourrez qu'utiliser votre doigt mouillé. Si la valeur qui sert de référence est la valeur de la dette d'un pays et si vous êtes un gros investisseur opaque et non régulé – cela s'appelle un fond alternatif ou hedge fund – vous pourrez prendre des positions sur cette dette, puis en vendre en masse quoique discrètement, organiser la chute des prix grâce au comportement moutonnier des autres investisseurs et de leurs ordinateurs, et faire fortune sans fatigue sur le dos de ceux qui sont endettés. Ah - ah, disent-ils en haussant les épaules, encore la théorie du complot... Si vous avez la patiente d'écouter par exemple cette vidéo, vous verrez que ce n'est pas du cinéma. C'est bien une cause majeure de l'énorme pression faite sur les peuples du sud de l'Europe, prenant bien sûr avantage de leurs réelles faiblesses. Pour faire passer un mensonge, il faut toujours l'accompagner de quelques vérités. Cette pression peut nous atteindre, notamment par contagion : « nous » avons des créances bien plus importantes sur l'Espagne que sur la Grèce.
Empêcher ces comportements est très simple ; de même que l'on ne peut prendre une assurance sur l'incendie de la maison du voisin, qu'est-ce qui empêche de ne laisser acheter des produits qui rapportent lorsque le prix du blé baisse que si l'on a du blé ? Qu'est-ce qui empêche de ne laisser acheter des produits qui rapportent quand un titre de dette espagnole baisse que si on a des produits fondés sur cette dette, bien sûr en quantité suffisante pour justifier cette soi-disant assurance ? Qu'est-ce qui l'empêche ? La réponse est simple : une liberté sacralisée de concevoir, vendre et acheter n'importe quel produit spéculatif, liberté invoquée par les dirigeants anglo-saxons : MM Cameron et Obama s'il faut dire leurs noms, malgré leurs cotés sympathiques.
Que faire ? Mettre déjà de l'ordre chez nous, se battre pour le faire en Europe, se battre aussi pour le faire sur le marché mondial. Expliquer sans relâche que s'opposer à la spéculation, ce n'est pas être naïf et angélique mais empêcher des comportements malhonnêtes (mettre le feu à la maison du voisin pour laquelle on s'est assuré, pour reprendre la métaphore) qui détruisent aujourd'hui nos voisins, qui nous détruirons peut-être demain nous même si nous ne nous défendons pas.
Il y a une autre explication possible à ces comportements : la dette américaine est énorme, bien plus grande que la nôtre ; en 2013 il ne sera pas facile de financer le déficit américain, le trouble en Europe peut utilement servir de diversion. Une diversion qui protège (et enrichit) au moins les hedge funds. Le désordre financier cherche à sauver sa peau en jouant sur le désordre des autres, voire en le provoquant ; on appelle ça la destruction créative ou "fleurir sur le chaos". C'est bien d'une sorte de guerre qu'il s'agit. François Hollande n'a pas tort de désigner une certaine finance comme l'ennemi. Je ne viens pas de découvrir le caractère toxique de divers produits dérivés ; mais l'articulation de leur usage avec les développements des crises s'éclaire maintenant d'un jour nouveau.
Les grandes entreprises se structurent de plus en plus souvent en distinguant centres de coûts et centres de profits : quand vous vous levez le matin pour aller au boulot dans un champ, dans une usine, dans un hôpital, dans une Mairie, dans un laboratoire, vous êtes un coût, honte à vous ; et bien sûr tout ce que fait l'État est un coût. Si vous faites du marketing, si vous êtes vendeur, financier, vous êtes une source de profit, vous créez de la valeur, honneur à vous, vous êtes du coté du manche, pas de la pelle. Le travail lui-même est improductif, seule l'extraction de plus-value est vraiment productive. Nous somme largement formatés par ces idées, qui sont assurément parfaitement idéologiques. Pensée unique, disiez-vous ? A mon humble avis, la pensée unique est remplacée par une certaine confusion, d'où les idées libérales dominantes (le social coûte trop cher, l'argent "gagné" par les plus riches ruisselle vers tout le monde) ne sont pas exclues mais ne sont plus les seules ni toujours dominantes.
Je résume : la productivité augmente mais ces gains sont confisqués par les plus riches, ils ne vont plus au peuple. La dette a augmenté parce que des ménages ont cru pouvoir compenser leur baisse de revenus salariaux par la spéculation immobilière, ou ont cru pouvoir s'endetter, parce que les États n'ont pas su quoi faire d'autre pour maintenir quelques services, tout en réduisant les impôts des riches. Les règles d'équité sociale (Ford, Philadelphie, Roosevelt, social démocratie) ont été démantelées (un peu moins en France, certes). Les règles de transparence et de contrôle, empêchant les produits financier toxiques d'exister ou de nuire ont été abolies au nom de la liberté, parfois (1985-1986) avec l'étonnante complicité de la gauche ; sans doute avons-nous dépassé le point où nous étions capables de cette erreur.
Alors que faire ? Les grandes lignes des solutions sont souvent assez claires : retrouver la règle d'augmenter les salaires autant que la productivité, lutter contre les produits toxiques, les interdire partout où on le peut, trouver une croissance intelligente, non destructrice de notre environnement ; penser la dette financière en liaison avec la dette écologique et la dette sociale : elles sont inséparables.

Est-ce que les propositions de François Hollande sont adéquates ? Dans une large mesure, oui :
  • renforcer les moyens de financement qui ne sont pas aux mains des spéculateurs,
  • diriger davantage de ressources vers l'économie réelle, vers celle qui crée des emplois,
  • renforcer l'enseignement, la recherche, l'économie numérique,
  • séparer les activités des banques de dépôt de celles qui spéculent, lutter contre les produits toxiques,
  • garantir l'épargne populaire,
  • réduire notre endettement.
Est-ce que la Droite essaierait d'en faire autant ? Non
  • Elle ne lutterait pas contre la spéculation ; elle prendrait au mieux un air légèrement contrit et nous expliquerait qu'il faut bien vivre dans le monde « tel qu'il est », où les spéculateurs ont toutes liberté, mais bien sûr pas les travailleurs, ces paresseux qui s'ignorent. Malgré leurs cravates parfois desserrées, les spéculateurs se couchent tard et même parfois se lèvent tôt ; au moins leurs agents, les traders.
  • Elle ferait diversion sur de faux coupables.
  • Elle créerait de nouveaux impôts, durables pour le peuple, provisoires pour les privilégiés.
Est-ce que les mesures prévues par François Hollande vont suffire ?
Il faudra déjà qu'elle soient effectives ; cela demandera de l'intelligence et du courage, pas seulement de FH mais du gouvernement, des assemblées, des acteurs économiques (non, ce ne sont pas tous des saboteurs), des citoyens.
Il faut surtout, maintenant, qu'une assemblée soit élue qui travaille au changement que nous voulons. Votons pour Maud Olivier.
Si la croissance est insuffisante, il faudra d'autres mesures. Nos élus en seront d'autant plus capables qu'ils seront aidés par la société civile, pas par les lobbys.
Le mouvement social sera nécessaire : si besoin en marchant dans la rue, assurément en renforçant notre intelligence collective, en luttant contre le risque d'isolement des gouvernants, en proposant, en inventant, en travaillant, en nous organisant, en luttant contre ceux qui organisent le malheur des autres et en bénéficient.
En inventant aussi à plusieurs niveaux une société moins frénétique pour les uns et congelée pour les autres, plus paisible, moins destructrice, plus douce, plus égalitaire, plus humaine.
La justice sociale ne s'oppose pas au développement économique ; seule la juste répartition des fruits du travail permet une société durable. La cupidité aboutit à l'endettement insoutenable, au chaos, à la guerre économique ou militaire.
Après cet exposé, un débat a été tenu. Citons ici quelques interrogations ou remarques auxquelles je crois pertinent de donner des éléments de réponse.
« La spéculation, on n'y peut pas grand chose, ce n'est pas l'essentiel, le problème principal, c'est la dette ».
La spéculation aggrave la dette de façon significative ; l'expliquer, la dénoncer sont nécessaires ; y mettre fin est en effet difficile. Il faut notamment convaincre les détenteurs de ressources qui sont de bonne volonté de s'éloigner des pratiques toxiques, de manière à isoler les cyniques. Les exigences des marchés financiers sont pleines de contradictions : soyez solvables, donc diminuez votre dette, continuez à nous servir la rente des intérêts, achetez nous plus des voitures et d'iPad. Pour caricaturer : survivez pour pouvoir continuer à nous enrichir.
« Certes, il y a une bulle immobilière qui éclate en Chine, mais ils ont les reins assez solides (suffisamment de réserves) pour tenir le coup ».
La plupart des Banques chinoises pourront tenir le coup ou être refinancées par le vaste fond souverain chinois, en effet. Mais de nombreux immeubles sont vides et se dégradent avant d'avoir été utilisés et de nombreux chinois qui pensaient s'enrichir sont ruinés. La Chine réussit à croître (un peu moins qu'avant, mais cependant beaucoup), elle ne réduit pas les inégalités – c'est une litote – et ne protège guère le peuple. Leur « communisme » est étrange (LOL). Leur « modèle » n'est pas notre modèle.
« Les anglo-saxons ne peuvent se passer de produits dérivés, leurs économies sont virtuelles ».
Les américains ont aussi une économie réelle et même les britanniques, quoique dans une plus faible mesure. Leurs économies globales dépendent en effet de la confiance dans leurs monnaies, de la défiance dans les autres monnaies, de l'habileté de leurs financiers, ce qui suppose de faire surestimer leur force et sous-estimer celles des autres. Peut-être ne peuvent-ils pas retomber sur terre. C'est certainement notre intérêt de les aider à retomber sur terre, pas de tenter d'être plus virtuels qu'eux. Cela peut même être leur propre intérêt de vivre moins en vendant des illusions.

Trois autres thèmes

Suivent trois autres exposés entrelacés de débats.
Pierre Guyard a parlé de développement durable, d'énergie et de logement notamment. Il a manifesté les lignes de force de nos efforts à venir, esquissé une vision moins productiviste de notre avenir, une croissance intelligente.
Patrick Souchon nous a parlé de culture d'une manière qui fait contraste avec l'idée guindée comme avec l'idée divertissante : comprendre et inventer, avec les neurones scientifiques et les neurones poétiques.
David Ros a principalement parlé du plateau de Saclay, mis en lumière les postures souvent peu crédibles du candidat UMP, identifié des difficultés, dans le cadre d'un projet globalement bienvenu.
Bien sûr je développe plus facilement ma propre intervention que celle des trois autres intervenants. Peut-être pourrai-je en (faire) dire plus. Nous n'étions pas très nombreux (un peu moins de vingt, je crois), mais un vrai débat s'est tenu. Nous avons aussi montré une capacité à préparer et présenter des interventions porteuses de sens, ne rabâchant pas des platitudes, avec des ressources locales. Cela ne remplace pas mais complète utilement, croyons nous, l'intervention de personnes plus célèbres.
Dans la conclusion présentée par Pierre Guyard et David Ros, ils ont insisté sur un point important : élue, Maud Olivier ne pratiquera pas le cumul de mandats ; en revanche, elle maintiendra et développera un réel contact avec les citoyen(ne)s de nos territoires, tant pour partager des expertises que pour exprimer des attentes, dans le cadre de la démocratie participative qu'elle pratique déjà dans un cadre plus local. Ce type de débat peut être une composante de ce travail. Au fait : il faut l'élire, Maud Olivier, pour être cohérents et mettre vraiment en œuvre le changement porté par François Hollande.

jeudi 24 mai 2012

Réunion publique à Bièvres jeudi 24 mai


Nous vous invitons cordialement à venir écouter, questionner, témoigner  et proposer à notre réunion publique.

Une Députée pour le changement
Le 10 juin, choisissez Maud Olivier
Maud Olivier et David Ros vous invitent à débattre
Réunion Publique
Enjeux et thèmes des années à venir : des questions socio-économiques au développement durable en passant par la culture, l'enseignement et le plateau de Saclay.

Avec David Ros, Maire d'Orsay, Vice Président du Conseil Général
Pierre Guyard, Président du Comité de Soutien de Maud Olivier,
Jean-Luc Escudié, Secrétaire de la section PS de Bièvres,
Patrick Souchon, auteur et enseignant.

Jeudi 24 mai 2012 à 20 heures 30
La Grange aux Fraises (3, rue de Paris)

mardi 15 mai 2012

à propos de Hervé Hocquard


Je viens de lire un tract de Hervé Hocquard déposé dans ma boite aux lettres. Intéressant. HH s'y montre (modérément) humble, indique qu'il ne fera pas d'opposition systématique, s'occupera surtout des intérêts de nos proches territoires, qu'il s'opposera aux (pro)positions dogmatiques d'un parti rassemblant trop de pouvoirs, suivez son regard. Il se place implicitement dans l'hypothèse où il serait bientôt Député d'opposition.
Je préfère le crédit d'intention au procès d'intention, même pour ce qui concerne nos adversaires politiques, du moins lorsque une mauvaise foi récurrente ne rend pas impossible cette disposition d'esprit. Le problème est que ce programme d'opposition républicaine modérée sera difficile à tenir. D'abord, si de nombreux citoyens suivent cette voie, sait-on jamais, nous aurons une cohabitation politique paralysant la volonté de changement portée par François Hollande et choisie par les Français. Le pouvoir des marchés et des conservateurs européens ne serait pas combattu, pas même contenu, les puissants n'auraient vécu qu'un frisson avec l'épisode de l'élection présidentielle, frisson rétrospectivement agréable et stimulant. La majorité des Français n'aurait vécu qu'un court moment d'apaisement et d'espérance.
Hervé Hocquard n'établissant que marginalement l'ordre du jour de l'Assemblée Nationale, même élu Député, ce lieu ne serait pas le meilleur pour les questions concernant les territoires locaux : peut-être vaudrait-il mieux qu'il reste Conseiller Régional, ce qui n'est bien sûr pas compatible avec un mandat de Député, en plus d'un mandat de Maire et de quelques autres responsabilités.
Hervé Hocquard sachant si besoin être discipliné, il suivrait les consignes de vote de Monsieur Copé ou d'un de ses semblables, dont nous serions étonnés qu'il ne verse pas dans l'opposition systématique. Quant à notre dogmatisme, si vous lisez mon Blog, vous savez sans doute qu'il ne nous submerge pas. Je ne suis pas isolé dans la capacité à dialoguer.
Réjouissons-nous cependant de ne pas entendre de sa part un chant des partisans à l'envers et que ce candidat se situe dans une perspective d'opposition républicaine ; c'est moins pire que le ralliement aux thèmes UMPFN. Nous lui souhaitons bon courage lorsque la droite se restructurera ; vraiment.
Nous souhaitons surtout que la France confirme sa volonté de changement en élisant une majorité de Députés cohérente avec l'orientation du Président qui entre en fonction aujourd'hui. Que nous ayons sur divers bancs des gens de droite avec qui on peut parfois dialoguer, tant mieux ; HH ne va pas disparaître dans la bonde du lavabo de l'Histoire. Je n'en demande pas tant.
Votons pour Maud Olivier.

lundi 14 mai 2012

Un débat à venir ?


Y a-t-il un débat à gauche ?
   concerne-t-il tous les progressistes ?
   tous les humanistes ?
   tous les républicains ?

Je lisais ce matin une note d'Olivier Ferrand, que je vous propose de lire également. Cette note est à mon avis intéressante, parce qu'elle dit des choses justes, mais atténue cependant une part du discours classique de la gauche et par suite s'y oppose en creux, avec modération bien sûr.
Citons O.F. :
On assiste aujourd’hui à une recomposition du paysage politique qui se structure moins exclusivement qu’auparavant sur les questions économiques et sociales, mais aussi désormais sur les questions « culturelles », identitaires (identité nationale, immigration, place de l’islam dans la République, etc).
On peut citer d'autres éléments, mieux vaut lire l'ensemble, on ne perd pas son temps.
Ce discours suggère une réflexion, qui est pour moi plus qu'actuelle : fondamentale. Quelle question est ainsi posée ? Cette question est-elle une simple interrogation, est-elle un clivage potentiel  ? Qui concerne-elle ? Qu'est-ce que j'en pense ?

La question identitaire

O.F. explique que le vote des Français pour François Hollande et donc le désaveu de Nicolas Sarkozy est pour son conseiller Patrick Buisson une « défaite à la Pyrrhus » parce que l'élection a certes été perdue pour lui et son camp, mais l'on assiste déjà à un glissement de la Droite d'un positionnement centre-droit, nettement séparé du discours nationaliste et proche du discours démocrate-chrétien traditionnel vers un discours de Droite dure, que l'on peut nommer UMPFN, un peu comme les Républicains américains se sont « droitisés » ; merci Nicolas. C'en serait donc fini de l'UMPS comme lieu de débat républicain entre des gens certes adversaires mais partageant cependant quelques convictions de base. L'UMP va-t-elle devenir UMPFN ou se recentrer sur des valeurs disons plus classiquement républicaines ? Va-t-elle éclater et se disputer les dépouilles après les Législatives ? Je ne sais pas. On avisera.
Concentrons nous un instant sur la question identitaire. Je ne suis peut-être pas le mieux placé étant né à Bruxelles, de deux parents français, avec une grand-mère italienne, une enfance belge, des études en France, une carrière professionnelle en partie à l'étranger (Italie, Russie, Allemagne, Angleterre, États-Unis), j'ai une sœur en Californie, un cousin à New-York, je lis chaque semaine quelques dizaines de pages de la presse anglo-saxonne ainsi que Courrier International. Je connais moins bien l'Asie et l'Afrique, mais y ai passé plus d'un trimestre, surtout en Asie, cependant (Inde, Chine, Japon). Je connais le conflit flamands-wallons. J'ai connu des protestants qui avaient encore les lampes sourdes qu'utilisaient leurs ancêtres pour aller prier au « désert » en cachette ; en France. J'ai lu beaucoup de textes chrétiens, quelques uns d'autres religions, pas toutes de la trilogie monothéiste. Lorsque, jeune, je prenais part aux réunions de l'Action Catholique, nous ne considérions pas notre religion comme une affaire purement privée : nous étions concernés par nos comportements de citoyens ; sans vouloir imposer la Loi de Dieu. Je parle avec des gens de plusieurs cultures, y compris politiques, y compris religieuses. J'ai donc aussi une vue sur l'immigration, sur l'émigration, sur quelques épurations ethnico-religieuses pas toujours soft, pas toujours lointaines. Je suis Français, pas par le lieu de naissance, mais par les gènes et la culture, par l'amour de la France, par l'adhésion à ses idéaux, notamment l'égalité. Je ne connais pas bien plusieurs autres régions du monde, mais je sais qu'elles existent et ont des citoyens intelligents sur plusieurs sujets identifiés ; l'Australie par exemple. Après tout, quelques relations avec « les autres » donnent aussi un peu de recul.
Il y a eu et il y aura encore bien des discours stigmatisant les gens d'autres cultures, nomades ou sédentaires, musulmans amalgamés comme immigrés même s'ils sont ici depuis trois générations, même s'ils sont Français. Il y a bien parfois de subtiles distinctions entre Islam de France et Islam en France, mais c'est trop subtil, pour beaucoup. L'intégration n'est pas nécessairement, n'est pas toujours l'effacement des différences et la négation des racines. Trop souvent, l'intégration ne fonctionne pas bien ou pas assez bien. Une personne fiable m'a raconté avoir entendu dans le bus une conversation entre de jeunes copines apparemment d'origine maghrébine ; l'une d'elles venait de déménager et les autres lui demandaient si elle était contente de son nouveau logement. Oui, répondait-elle, mais on sentait une réserve. Les copines insistant lourdement, elle a fini par dire « il y a un peu trop de Français parmi les voisins »... Elle n'était pas très à l'aise avec ceux-là ; à moins que ce soient les voisins qui n'étaient pas tous très à l'aise avec elle. Les beurettes peuvent avoir du mal à s'intégrer, par exemple en avoir assez de la stigmatisation.
Je passe rapidement sur les questions socio-économiques concernant l'immigration. On sait (quand on regarde les études sur le sujet) que les immigrés non français nous prennent fort peu du travail disponible ici. On sait aussi qu'en période de crise - et Dieu ou Allah seul(s) savent combien de temps ça va durer, autant dire qu'on ne sait pas -, on ne peut éviter de modérer l'immigration légale et de combattre l'immigration illégale, et on le fera. On sait aussi – ou plutôt peu de gens savent, mais c'est ainsi – que l'immigration est beaucoup plus faible en France que dans la plupart des pays occidentaux, Olivier Ferrand le rappelle. On sait, si l'on prend le RER le matin avant sept heures, que les gens de couleur que l'on côtoie ne vont pas tous manger un couscous ou à la mosquée mais plutôt au boulot.
J'ai été chrétien ; vraiment ; je ne le suis plus ; assurément. Ça ne m'a pas fait sombrer profond dans le « matérialisme vulgaire ». C'est pas demain la veille que je sera mahométan. Je n'apprécie pas l'ostracisme persistant des Turcs envers les chrétiens, pour citer un exemple relativement peu connu. Dans son âge d'or, l'Islam était ouvert aux autres ; espérons que cela reviendra. Inutile de nous fermer en attendant. Un grand nombre de musulmans sont morts pour la France. On a le droit de croire ; beaucoup moins d'obliger les autres à en faire autant. Politiquement, citoyennement, soyons laïcs.
Le matraquage de divers « militants » de droite ayant contrairement à leurs protestations tout l'accès désiré aux médias étant ce qu'il est, bien des immigrés ne se sentent pas bien ici, bien des Français pensent que ces fichus étrangers sont responsables de nos maux. Ont-ils comparé les chiffres des ressources utilisées par ces gens et ceux des ressources partant vers les actionnaires un peu partout dans le monde et même à Neuilly ou dans le Golfe ? Non, bien sûr. Ont-ils des différends théologiques ? Pas très souvent, je crois. Parce que les pauvres musulmans visibles, ils les voient et ils sont différents, alors que les riches dans leurs quartiers sécurisés – parfois musulmans - ils ne les voient pas, ou seulement sur la plage dans la presse people. Parce que les chiffres ne leur disent rien quand il s'agit de milliards d'euros, mais leur disent quelque-chose lorsqu'il s'agit de centaines d'euros.
C'est vrai qu'il y a eu pas mal de gens d'origine maghrébine à la bastille le 6 mai au soir ; beaucoup, des Français le plus souvent – eux seuls ont voté parmi les musulmans -, ont ressenti une sorte de libération ; moi, je suis seulement allé boire un verre à Verrières. J'ai aussi ressenti une vraie joie, un véritable espoir. Cela ne m'est pas venu à l'idée d'aller agiter un drapeau, fût-il bleu-blanc-rouge.
Pourquoi proposer le vote des immigrés stabilisés - depuis cinq ans par exemple - aux élections locales ? Parce que ceux qui sont ici légalement depuis des années, paient des impôts et des cotisations sociales, qu'ils soient destinés à repartir ou à devenir Français ne doivent pas nécessairement rester des sujets, comme l'a rappelé Robert Badinter ; parce qu'ils peuvent apprendre la démocratie, pas seulement en regardant la télé, mais en participant eux même à la vie démocratique. Cela les rapprochera de nous, qui nous souvenons parfois que nous avons même élu des gens qui ne se souciaient guère de nous. Cela ne leur ouvrira pas le droit à être élus. Nous ne sommes pas pour l'isolement communautaire : personne n'a à y gagner. François Hollande ne fera adopter cette mesure que si elle bénéficie d'un large consensus, il a été clair à ce sujet.
Résumons : même si c'est pour beaucoup une diversion évitant de porter le regard sur les vraies causes de nos problèmes, la question identitaire a pris, de fait, beaucoup d'importance. Nous devons assumer la question : être nous-mêmes, respecter les Français d'origine ou de religion différente, accueillir et respecter les immigrés légaux, maintenir modérée l'immigration légale, lutter contre l'immigration illégale, être ouverts aux autres, être patriotes, pas nationalistes. La fermeture consiste à penser que nous seuls pouvons adhérer à nos propres idéaux. Le patriotisme consiste aussi à savoir que nos valeurs peuvent être partagées, peuvent intéresser les autres, qu'ils soient européens ou africains ou qu'ils viennent de plus loin.
Ceci ne fait guère débat à l'intérieur de la gauche et la note d'Olivier Ferrand est claire, plus que mon propre texte, sans doute. A vrai dire, l'essentiel est aussi partagé par le centre et la tradition démocrate-chrétienne, disons les républicains humanistes. Pas par l'UMPFN bien sûr.
Le débat plus ouvert – qui traverse souvent chacun de nous – concerne d'autres sujets ; nous y viendrons.

La question socio-économique

Ce n'est pas du baratin : alors que le capitalisme d'après guerre, que ce soit en Amérique ou en France, pratiquait une certaine égalité ou plutôt modérait les inégalités, disons dans la lignée du Fordisme, celles-ci ont explosé à partir des années 1975, lors de la victoire de Reagan et Thatcher, de l'émergence des Chicago boys (ces économistes néo-libéraux). La part des salaires dans la valeur ajoutée des entreprises de l'OCDE a baissé de 10 % depuis cette « révolution conservatrice ». Lorsque j'ai dit cela à la dernière réunion de Hervé Hocquard - merci pour son ouverture au dialogue -, il a répondu avec un zeste d'ironie ou d'incompréhension que je remontais bien loin. Pour comprendre, il ne suffit pas toujours de se souvenir de l'an dernier. Les dettes publiques ont explosé surtout parce que les impôts des riches ont été réduits ; Nicolas Sarkozy y a fortement contribué. Ces riches ont gagné sur les deux tableaux : d'un coté ils paient moins d'impôts, de l'autre ils bénéficient des intérêts de leurs prêts aux États, sans trop de travail ou de risque jusqu'à ce que ça ne marche plus ou que ça ne « passe » plus. Et ils gagnent sur un troisième tableau : comme créanciers importants, ils dictent leur loi. C'est normal, une société où plus on est dans les problèmes – pour être poli -, plus il faut payer d'intérêts aux prêteurs, ça ne vous rappelle pas le système des usuriers ? C'est normal une société où plus on est dans les problèmes, moins on travaille par la vertu du chômage ? Vous savez que le temps de travail réel des nations occidentales, immigrés compris, baisse en ces temps de crises par la « vertu » du chômage et du temps partiel ? En Allemagne, sans même prendre en compte l'effet du chômage, la durée effective moyenne de travail est passée de 31,6 heures par semaine en 2000 à 30,3 heures en 2006 (avant la crise des subprimes) et 30,05 heures en 2010. Ça colle avec ce que l'UMP vous a expliqué ?
J'écris un peu, je lis beaucoup. Je suis en train de lire « La zone d'inconfort » de Jonathan Franzen, un des meilleurs auteurs américains actuels. Publiée en 2006, c'est une autobiographie. Je vous la recommande. Les constatations socio-économiques de cette semi-fiction n'en sont pas moins exactes et saisissantes. Citons en une.
Page 23, je raccourcis la phrase : « Le pays [les États-Unis] finit [en 2006] dans un système où un pour cent de la population accapare 60 % des revenus, c'était 8 % en 1975. »
Si vous voulez des chiffres très officiels sur l'évolution de la dette publique américaine et de la distribution des revenus, consultez le site internet de la Federal Reserve. Il est parfois utile de ne pas se contenter de regarder la télé et de remonter aux sources. Si vous voulez savoir où en sont les revenus en France, consultez salaire moyens. Si vous voulez voir l'évolution de nombreux indicateurs en France, consultez l'open data français. Il faut un peu de patience, mais on trouve, en cherchant par exemple « dette publique » ou « revenu des ménages ».

Quelles sont les clés de notre avenir ?

Jusqu'ici, pas de problème si j'ose dire. Personne ne peut nier la réalité, on peut seulement la taire, ou parler d'autre chose, des immigrés par exemple (encore que... le mensonge, ça existe aussi). Mais ça se complique si l'on parle de l'avenir, si l'on parle des avenirs possibles. A mon humble avis – mais je ne suis pas le seul – on ne lit pas dans le marc de café, on ignore si l'on va sortir de la crise, ou si vous préférez des crises à rebondissements. Il est de plus en plus clair que compter sur les seules politiques d'austérité ne nous permettra pas de sortir de « la » crise, qu'il faut donc, comme le dit François Hollande, chercher la relance, en plus d'une meilleure équité fiscale et d'efforts d'économie. Il ne peut guère avoir tort sur ces deux points fortement corrélés.
Là où ça devient plus incertain, c'est quand on se pose la question suivante : « la ou les crises actuelles sont-elles de nature cyclique, conjoncturelle, ou plus grave, plus structurelle, plus systémique, pour employer différents vocabulaires ? ». Autrement dit, est-ce qu'on va retrouver la croissance et avec elle un niveau supportable d'inégalités, un niveau supportable de revenus pour ceux qui travaillent, par les mesures aujourd'hui prévues ? Est-ce que cela suffira, par exemple, pour ne plus avoir de travailleurs pauvres, de ceux qui doivent arbitrer entre un logement décent, une nourriture saine et les soins nécessaires, pour ne pas parler d'un bouquin de temps en temps ? Certains immigrés africains entretiennent un village africain entier par le versement Western Union d'une partie de leur salaire. La redirection d'un bonus de plusieurs millions d'euros permet de sortir de la pauvreté quelques milliers de personnes.
Là, il y a à gauche disons deux perspectives : les uns pensent que François Hollande a raison d'être relativement confiant, que le calme va revenir après la tempête, comme toujours. D'autres pensent qu'il faut (il faudrait si vous voulez) une sorte de métamorphose de nos sociétés, qui ne peut pas être dans un seul pays, même pas le nôtre, pour sortir d'une « logique » où le pouvoir économique est de plus en plus dans les mains de gens qui ne pensent qu'à optimiser leurs profits, appelons les les cupides pour simplifier ; qu'on ne peut compter seulement sur l'État, qu'il faut encourager et faire émerger des agents économiques qui fonctionnent dans une autre logique, en tenant compte de tous les porteurs d'enjeux : ceux qui apportent des capitaux, ceux qui travaillent, les États et autres collectivités démocratiques (les Régions par exemple) représentant l'intérêt général, notamment la société soucieuse de l'environnement et des ressources à long terme, sans parler des clients. Ceci peut s'exercer par les agents de l’Économie Sociale et Solidaire, notamment ; cela peut être, cela doit être un lieu d'innovation de la gouvernance, de la démocratie. Aussi par des réformes de la régulation et de la gouvernance des entreprises « ordinaires », sans doute. Personnellement, je n'en sais rien. Je ne suis pas le seul, malheureusement. François Hollande et beaucoup de nos futurs Députés de gauche sont favorables à l'ESS mais pensent sans doute que cela restera minoritaire, voire interstitiel ou négligeable globalement, quoique utile et sympathique. On peut aussi envisager non pas de « faire défaut » sur la dette, mais d'imposer par le pouvoir politique, probablement à l'échelle européenne, de ne rembourser qu'avec un taux d'intérêts de 1 % les dettes anciennes, par exemple de plus de cinq ans. Souvenez-vous que les banques empruntent à 1 % à la BCE. Cette mesure n'est pas dans le programme de François Hollande et il a peut-être raison ; peut-être ; pour ne pas affronter le dragon de face et cela tout seul ; ce n'est pas Saint Michel. Assurément nous devons nous libérer de la dette pour reconquérir nos libertés collectives (on appelle aussi ça « retrouver des marges de manœuvre ») et sans doute pas mal de nos libertés individuelles ; tout le monde est d'accord (je simplifie).
Deux visions possibles, donc, deux visions qui coexistent réellement, à vrai dire : (1) rétablir davantage de justice et d'égalité et compter sur la croissance, ou (2) s'engager dans des transformations plus profondes, plus structurelles. Et ne nous dites pas que les réformes structurelles doivent être d'abord le détricotage de la protection sociale ou de ce qu'il en reste. C'est le discours de Madame Merkel, il est de moins en moins dominant. Il faut aussi plus de mobilité, au moins dans nos têtes, certes. Une possible rechute grave dans la crise nous placera devant un dilemme : rendre le pouvoir à la Droite ou s'atteler à des changements plus profonds, s'il n'est pas trop tard. D'un mal peut venir un bien. Mais rien ne nous empêche d'y travailler maintenant, à cette métamorphose. Pour revenir à la lecture qui a déclenché ce texte, Olivier Ferrand est plus proche de la première vision. Tant pis : même ceux qui mettent plus de confiance – et de désir - dans la seconde auront besoin de lui quand même. On n'est pas prêts ? Il faudra bien se bouger quelques organes pour sortir du cercle vicieux austérité – nouvelle crise – inégalités qui explosent et deviennent... explosives. Tous les déclassés ne vont pas se terrer indéfiniment. Les charités publique ou privée peuvent être insuffisantes si la vision (1) s'avère insuffisante.
S'il y a une chose dont je suis sûr, c'est que la « solution » que propose ou va proposer la droite n'en est pas une. Cette certitude ne rassure pas.

Quelles relations pouvons-nous articuler entre ces deux visions ?

Voici la question annoncée, celle dont la réponse n'est pas évidente : on peut avoir plusieurs attitudes face à cette alternative.
L'une consiste à dire qu'un seul des deux termes de l'alternative est réaliste. Le problème est qu'on ne sait pas très bien lequel est réaliste, c'est à dire lequel permet de résoudre le problème.
Une autre attitude consiste à transformer cette interrogation en lutte politique – interne aux progressistes – entre les partisans d'une démarche et ceux de l'autre. C'est peut-être ce que l'on fera, mais j'imagine assez bien le résultat : le retour de la nouvelle droite UMPFN. Même si retour et nouvelle contiennent un paradoxe, cela peut se produire. A moins que cette lutte ne soit surtout un débat.
Personnellement, je propose une troisième attitude, qui n'est pas la moyenne arithmétique des deux précédentes : reconnaître que nous ne sommes pas devins, travailler à concevoir et commencer à mettre en œuvre une autre société (les « lois » économiques dépendent aussi de nos comportements collectifs et individuels, que nous pouvons choisir plus qu'on ne croit), prendre dès maintenant le plus possible de mesures réduisant le coté systémique (disons profond) de la crise à rebondissements, débattre et expliquer, se préparer à de plus grands changements structurels. Pour revenir à un capitalisme plus bienveillant ? Pour inventer une autre société ? Pourquoi pas ? Les mots sont importants mais ne sont pas tout et ne doivent pas nous empêcher de tirer dans le même sens, concrètement. Voyez l'annexe, à la fin de ce message.
Parlons un peu de rêves, justement. Le rêve américain, celui dont la droite américaine revendique l'héritage, celui de familles libres travaillant dans la saine compétition mais aussi dans la coopération, sans État ou presque, ressemble plus qu'on ne croit au rêve communiste, après le dépérissement de l'État, dans la société sans classes. Ils ne le savent pas mais ces deux rêves là sont libertaires et pourquoi pas. Le rêve de la charia, que je connais moins bien il est vrai, me semble davantage ressembler au rêve de l'autorité bleu marine ; intéressant paradoxe. Le problème est que le rêve ultra libéral américain s'est transformé et continue à se transformer en cauchemar de la dictature des cupides. Le problème est que la dictature du prolétariat s'est transformée en cauchemar de la dictature des apparatchiks, puis en dictature de néo-féodaux, de capitalistes enthousiastes et de la mafia. Le rêve français, Liberté-Égalité-Fraternité, quelque peu incomplet en termes économiques, peut cependant rester le nôtre, être partagé et approfondi. C'est aussi celui de la séparation des pouvoirs, pas exactement celui du mépris des magistrats, celui où les magistrats doivent obéir (à qui, grands dieux ?), travailler plus vite et se taire. Il peut et doit être approfondi. Cela veut dire aussi extension du domaine de la démocratie. On a besoin de Direction (de chefs) pour cordonner les gestes, comme un chirurgien ou une chef d'orchestre le font. Pas pour choisir les grandes orientations : pour cela, la démocratie est une meilleure perspective, y compris au sein des agents économiques ; il faut travailler à son approfondissement, à ses méthodes concrètes. J'ai fait allusion à la démocratie délibérative, qui n'est pas exactement la démocratie participative ; certainement pas le chèque en blanc ; on peut faire mieux que déléguer le pouvoir à ses élus, bien que ce ne soit pas facile ; et beaucoup mieux que se résigner au pouvoir absolu des seuls actionnaires. On a besoin de maîtriser les chefs, de les contenir dans le rôle de coordination des gestes qui exigent la coordination. Les Législateurs, c'est autre chose : leur rôle n'est pas d'être des chefs, ni de servir d'intermédiaire pour accéder aux puissants, mais de faire la Loi ; pas seulement (!) de valider le travail des cabinets ministériels de la majorité. Donner des idées, clarifier une perspective, faire une synthèse, c'est un autre rôle que celui de chef, et même que celui de tribun. C'est un travail de connaissance de la réalité, de clarification des objectifs, de réflexion, de parole. Il y a plusieurs sortes d'acteurs pour cela, plusieurs canaux. La nouvelle société, l'autre société, la société dont nous avons besoin, celle que nous voulons, la société solidaire, qui ne gaspille pas, écologique, qui donne à tous plus qu'une chance, une réelle capacité d'accomplissement et de bonheur, une réelle égalité des personnes et des peuples, sans uniformité, qui donne le respect pas seulement dans la forme, qui évite les vraies ou fausses naïvetés, qui assume la complexité mais ne nous embrouille pas dans la confusion mentale, qui ne pense pas qu'à court terme, qui ne prêche pas pour les miracles, qui ne nous détourne pas vers les divertissements dénués de sens mais où l'on fasse la fête, qui ne nous fatigue pas avec le sucre sans sucre, le sexe sans contact physique et la graisse sans graisse, elle s'appellera comment ? Un « nouveau capitalisme », un « nouveau socialisme », autrement ? Moi pas savoir, moi pas prophète. J'explore un peu la question en annexe. L'important est de travailler sur les solutions et leurs cohérences ; avec audace, persévérance, modestie, intelligence, courage ; les mots viendront sans doute au bon moment. Pas très grave si ils viennent un peu trop tôt ou un peu trop tard. Idéalisme ? Cet idéalisme là, ou son cousin, est le seul réalisme qui nous reste.
Inventer, disons-nous, mais avec qui ? Certainement pas avec (seulement) une fraction de la gauche. En écoutant plusieurs discours, en en construisant de nouveaux – je parle de discours traçant des perspectives et des chemins, pas de baratin –, en évitant de se tromper sur le diagnostic ou de cacher la réalité pour sauver ses meubles, en se mettant d'accord dans la pratique avec tous les gens qui souhaitent humanisme et progrès, qui comprennent quelques mécanismes, qui acceptent de contribuer au nécessaire effort commun. En écoutant les professionnels de la politique, de l'administration ? Certes, mais pas seulement ceux là ; ils sont formés aux solutions connues et peuvent même penser à des réformes ; c'est déjà ça mais ils ne suffisent pas. Certainement pas en attendant tout d'un Président, fût-il excellent ; et François Hollande peut l'être. La politique ne doit pas être d'abord l'art de conquérir « le pouvoir » mais surtout celui de construire des solutions, d'identifier des perspectives et des chemins. Au travail. Haut les cœurs. Et tant pis si ça sent la sueur.
Ce que je viens de dire est une perspective quelque peu personnelle ; je me suis un peu lâché comme on dit vulgairement, ça m'arrive parfois. Pas très éloignée cependant de ce que pensent d'autres personnes qui acceptent de se prendre la tête et d'espérer. Comment éviter de se prendre la tête dans la situation actuelle ? Mais ne cherchez pas à me cataloguer un peu plus ou un peu moins à gauche : ce n'est pas le problème et vous n'y arriverez pas. Les solutions toutes faites sont naïves ou comptent sur la naïveté des autres ; pour un temps.

Annexe : des mots et des choses

Explorons les mots. C'est pas tout, mais ça compte. Dans notre effort pour réformer ou dépasser le capitalisme (je préfère dépasser, vous l'avez compris), plusieurs vont chercher des mots et des signes ; il n'y a pas que des linguistes, il y a aussi des sémiologues, même s'ils sont des Monsieur Jourdain de la sémiologie. On cherche des mots avec raison : les mots sont chargés ; on voudrait rallier large, donc utiliser les mots multi-fétiches ; à moins qu'il ne faille inventer des mots sans connotation, sans fétichisme, justement, pour rassembler. Des mots presque vides comme « nouveau », « génération », « changement », « fort » : la politique, ça marche aussi comme ça, enfin d'après les grands muftis communicateurs. Comment dépasser les connotations négatives, éviter les crises allergiques, sans fournir un sac fade et vide ? Petit remue-méninges. Il y a aussi moyen de changer radicalement le contenu sans changer le mot ; exemple « Parti Communiste de Chine » ; on pourrait faire çà avec le capitalisme ; je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Avec un peu d'humour et de patience, un nouveau groupe nominal, on devrait arriver à le construire ; enfin peut-être.
Les raisonnables vont préférer nouveau capitalisme ; les fidèles (mais pas trop) vont vouloir nouveau socialisme – mais socialisme, c'est une injure, en Amérique on n'est pas en Amérique ; et chez eux, Libéral en est aussi une, pour les buveurs de thé et même des buveurs de bière à cou rouge. Les alter-mondialistes ont fait un effort intéressant, du coté des mots ; d'ailleurs, il faut travailler avec eux ; mais la place est prise et ils se défendront de toute récupération. Plusieurs vont vouloir un coté graphique, une ou des couleurs, peut-être : rose et vert ? - ça fait caca d'oie ; rose tout court, c'est trop modéré, on veut la métamorphose (révolution, arrête ton char ; arrête ton charre) ; rouge, ça ne va pas, en général, sauf au Premier Mai ; blanc, c'est trop royal, bleu faut voir, mais pas marine ; orange, c'est pris par les Ukrainiens – et alors ? Mauve ? C'est rose et bleu, la lavande, ça sent bon - on met en réserve. Vert tout court c'est islamiste - mais non, c'est écologiste ; l'écologie n'est qu'une facette ; et puis on n'a rien contre la polysémie, au contraire ; sauf si elle est trop incongrue. Plusieurs facettes ? Un Rubik's cube ? Tu veux vraiment un casse-tête ? Mais le monde est complexe, hombre. Des gays et lesbiennes come-outés proposent un arc en ciel. Des maçons pas come-outés tentent d'introduire un trois. Des anciens gaullistes d'origine slave proposent une sorte de croix de Lorraine revisitée – tout aussi abscons et complètement à coté de la plaque. Des sémites réconciliateurs, d'origine viennoise (ils connaissent Hundertwasser), proposent un triangle avec une étoile de David, un croissant et même une croix, genre ☽✞✡- mais non voyons, soyons laïcs, pas syncrétiques. Des amateurs de réseaux sociaux proposent des cercles qui s'entrecroisent – comme les jeux olympiques ? Non, comme Google+ ; c'est déjà pris, non ? Une photo de quelques anonymes sympathiques : une employée de banque coopérative, un ouvrier bien de chez nous, un consommateur éclairé, un énarque prenant le métro, une vendeuse de super-marché, un conducteur de charrue, un cadre à la cravate froissée – et un hacker avec un masque ? Un Africain propose un baobab à coté d'un sapin et d'un chêne : du Nord au Sud et même de l'Est à l'Ouest – silence gêné : tu crois que ça peut pousser ensemble ? Je préférais le clocher - c'est pas possible, on peut pas mettre de minaret. Les Libanais ont bien un cèdre et ils poussent parfois ensemble. On parle d'Économie, voyons. OK, mais la réunion de l'arbre à palabres et de Tannenbaum, c'est intéressant, non ? Depuis quand les baobabs sont-ils des arbres à palabres ? Ce sont les Belges qui ont besoin d'arbre à palabre – pas seulement eux. On s'égare ?
On revient aux mots, peut-être par les initiales. Des chrétiens prudemment prophétiques proposent Nouvelle Cité – pourquoi pas phalanstère, tant que tu y es ? Des gens d'origine asiatique proposent l'Économie Éveillée – personne ne comprendra, voyons, les gens ne connaissent pas Bouddha. Des européens cherchent un sigle qui se lise dans un sens en français et dans l'autre en anglais, comme ONU et UNO. Tant qu'on y est, cherchons un palindrome – un palindrome bilingue, c'est difficile ; il nous faudrait un surréaliste – mais non, on est des réalistes. Maître Xavier du Schmoll de la France Des Traditions propose une approche héraldique – pour une ville, d'accord, mais pour un nouveau cours socio-économique ? On a eu la faucille et le marteau ; vous voulez l'IPAD et la cocotte-minute ? Le robot de soudure et le pulvérisateur d'insecticide ? Le jean et la cravate ? Économie Libre, Sociale, Solidaire et Humaniste, ça fait ELISOSOHU – trop long, pas assez de gauche, incongru. Et merde !
Bon, il faudra améliorer le brain-storming, pardon, le remue-méninges. Rigoler, d'accord, mais aussi inventer, pardon, créer. L'idée est que les mots, les sigles, les graphismes, les couleurs, les sons ont leurs poids, charrient des souvenirs, des morceaux d'inconscient, des sentiments, des désirs, des peurs, des malaises sournois, des analogies, des liens imprévus, des fenêtres ouvertes, des portes fermées, parfois même des concepts ; ils connotent, parfois même ils dénotent. Ce n'est pas indifférent. Il en surgira. L'idée est surtout de réunir les efforts de plusieurs familles, de rassembler sans trahir. De construire des consensus sur des mesures importantes, qui nous permettent d'avancer, de résoudre nos principaux problèmes, et de mettre un signe de ralliement sur cette communauté d'effort, sur cette convergence, fût-elle multicolore ou métissée. Aujourd'hui, le signe du changement et du rassemblement, c'est largement la photo d'un homme normal. Mais on ne va pas tomber dans le culte de la personnalité, n'est-ce pas ? Nous, les français, on n'est pas très portés sur le culte de la personnalité ou alors ça ne dure pas, et c'est tant mieux. Pourtant, la synthèse de la distance et de la proximité, pas facile, mais possible ; la preuve par François. Ce serait bien de trouver un signe qui ait ces qualités et ne soit pas la photo d'un homme en costard ; ce serait surtout bien de continuer à converger malgré nos différences.

mercredi 9 mai 2012

Statistiques

Ce blog a été créé à l'occasion des Primaires Citoyennes organisées par le Parti Socialiste.
Un premier pic mensuel de consultations a été observé en octobre 2011 avec 555 consultations.
Janvier 2012 a été un second pic plus modeste avec 302 pages vues.
En avril 2012, 407 pages ont été consultées.
Le 8 mai 2012, 84 pages ont été lues.
Depuis sa création, 2684 pages ont été consultées en ce 9 mai 2012, pour 65 messages.
Dans le nombre de pages consultées, nous ne comptons pas celles consultées par la "plume" principale.

mardi 8 mai 2012

Hollande Président


François Hollande est élu Président de la République Française. Nous nous en réjouissons.




Nous nous en réjouissons parce qu'il porte nos espoirs, parce que nous pensons qu'il jouera un rôle important dans le redressement de notre pays, dans l'action nécessaire pour que la génération qui vient vive mieux et non plus mal que la nôtre. Nous nous en réjouissons parce qu'il sait que cela doit être inséré dans le changement pour l'Europe entière.
Nous savons qu'une petite moitié de nos concitoyens - et une grosse moitié des Biévrois -, eux, ne s'en réjouissent pas. Nous espérons que leur perception changera. Nous espérons qu'ils choisiront de participer à l'effort de tous les français et non de le saboter. Nous espérons qu'eux aussi bénéficieront des progrès que nous voulons construire ensemble.
François Hollande est élu Président. Tout reste à faire. Les marchés restent dirigés, pour l'essentiel, par la volonté des financiers d'optimiser leurs profits. Comment croire le contraire ? Les marchés sont puissants : ils peuvent déplacer librement les ressources qu'ils possèdent, ils ont un rôle déterminant dans l'établissement des taux d'intérêt, ils sont dominants dans la construction des décisions de la majorité des entreprises, ils contrôlent une large part de l'information. Si nous élisons le mois prochain une majorité cohérente avec l'effort du Président, apte à réguler les marchés - qui ne sont pas le diable s'ils sont régulés -, à protéger notre environnement et nos ressources naturelles d'un productivisme aveugle, apte à trouver les moyens de desserrer l'étau de la dette – en commençant par la réduire -, apte à renverser l'explosion des inégalités, apte à reconstruire les services publics dégradés, aptes à renverser la croissance du nombre des travailleurs pauvres, apte à redonner l'espoir à la jeunesse, apte à nous permettre de travailler, au lieu de chanter les vertus du travail et de réduire concrètement par le chômage la quantité de travail effectivement réalisée, apte à re-construire des voies pour travailler solidairement, alors le nouveau Président pourra tenir ses promesses. Alors nous irons même plus loin dans le progrès : François Hollande est prudent, il n'ignore pas que notre avenir n'est pas seulement dans ses mains, qu'il est même davantage dans les nôtres. Si l'Assemblée Nationale que nous allons élire le mois prochain « tire dans le même sens », alors, nous aurons une sorte de cohabitation entre le pouvoir des marchés et un pouvoir politique cohérent, qui sera un vrai contre-pouvoir face à la cupidité.
Si nous élisons une Assemblée ingouvernable, nous serons dans la confusion. Si nous élisons une Assemblée de droite, alors les marchés retrouveront leur quasi toute-puissance : ce qu'ils appellent la création de valeur restera le transfert d'une part toujours plus grande des fruits du travail aux actionnaires ; les inégalités continueront à s'envoler ; l'austérité écrasera les plus faibles et ne permettra pas le redémarrage de la machine économique ; les services publics continueront d'être transférés à des entreprises dirigées dans la logique du profit : ils seront en effet plus « efficaces » : pour les dominants ; l'immigration, si utile pour écraser les salaires et désigner un faux ennemi, pour faire diversion, ne sera pas maîtrisée. Une part croissante des habitants de notre pays, passant de la pauvreté à la misère et perdant l'espoir dans les politiques dites « responsables », passera à la protestation désespérée, dans la rue et/ou en votant pour la haine et la désignation de boucs émissaires qui n'y peuvent rien. Ces temps-ci, je prends assez souvent le RER avant sept heures du matin ; on y voit beaucoup d'immigrés, pas beaucoup de tailleurs stricts.
Nous voulons dire et entendre la vérité, pas des présentations tordues. Voyez par exemple la différence entre la situation de l'Espagne, ses causes, et ce qu'en disent les amis de Monsieur Coppé.

Nous voulons la paix. Nous voulons l'unité de notre pays. Nous voulons un pays ouvert, pas naïvement, pas principalement aux marchés et aux mouvements de capitaux. Nous voulons une Europe au service de nos peuples. Nous voulons faire reculer la misère et même la pauvreté. Nous voulons que nos efforts ne s'envolent pas vers les paradis fiscaux ou autres trous noirs. Nous voulons le progrès, y compris le progrès social. Nous voulons rassembler.

Quelques résultats

Voici un canal parmi d'autres pour les résultats globaux et même détaillés.


Voyez ce que le journal Les Echos dit de la répartition des votes dans les catégories socio-professionnelles ; 54 % pour François Hollande chez les ouvriers comme chez les employés. La droite n'a pas conquis le peuple.
Nous remercions tous les Bièvrois - et quelques autres - qui ont voté pour le changement. Notamment celles et ceux qui ont travaillé avec nous et qui ont pris part au Comité de Soutien de François Hollande.

jeudi 3 mai 2012

Comité de soutien


Quelques personnes à Bièvres ont choisi de prendre part au Comité de Soutien de François Hollande et de le faire savoir. Qu'ils et elles soient remerciés.

Citons, par ordre alphabétique :
            Jean-Louis Bernard,
Jaques Brossard,
Michèle Brossard,
Jean-Luc Escudié,
Evelyne Robutel,
Alain Savary,
Patrick Souchon,
Maryse Traoré-Bonnefond.

Notre comité est organisé au niveau du canton et bien des personnes de Verrières en font partie. Il est notamment présidé par Pierre Guyard.
En voici donc quelques-uns, nous n'avons pas ratissé le terrain. Un incident mérite d'être rapporté : une personne bien connue à Bièvres nous a exprimé son soutien à François Hollande et son accord pour rendre ce soutien public. Mais ne voilà-t-il pas que je la rencontre en larmes parmi les stands de la foire à l'outil, mardi dernier : une autre personnalité de premier plan de la commune a exercé des « pressions amicales » sur ce soutien, la menaçant de douloureuse rupture si elle exprimait un choix si malvenu. Pour notre part nous n'exerçons pas ce genre de « pression amicale » et ne les aimons pas.

Dimanche 6 Mai, choisissons le changement, votons François Hollande.

Le débat


On peut le revoir sur dailymotion ; quelques moments marquants sur http://francoishollande.fr/ ; si vous préférez lire, par exemple pour prendre ou reprendre connaissance de ce qui a été dit sur un thème, regardez Le Monde il y a un script complet.
Beaucoup de gens commentent, soyons bref. Au niveau du spectacle, FH n'est pas très vulnérable aux « katas » (figures de sport de combat) de NS, c'est le moins que l'on puisse dire. NS plus agité, FH plus calme, comme on s'y attendait. Au niveau des argumentations, rien de très neuf, bien sûr. Les batailles de chiffres toujours difficiles à entendre.
Comme d'hab, Libé fournit des éléments de désintox. Thomas Piketty y écrit un billet particulièrement pertinent et je ne résiste pas au désir d'en citer une large part :
"… Alors qu'il est au pouvoir depuis dix ans, Nicolas Sarkozy n'hésite pas, par exemple, à remonter à la politique de Lionel Jospin, avant 2002, pour trouver les origines de nos difficultés actuelles. Ce n'est vraiment pas sérieux et très gonflé.
Plus grave encore, le Président a menti sur l'Allemagne et le commerce extérieur de la France. En 2000, 2001 et 2002, le commerce extérieur français était excédentaire, au même niveau que celui de l'Allemagne. Aujourd'hui, à l'inverse, la France connait son plus fort déficit depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Et ce serait la faute des 35 heures ? Il a également essayé de faire croire qu'il n'avait pas fait de cadeaux aux riches, alors que la France est le seul pays de l'Union Européenne à avoir allégé la fiscalité des très hauts patrimoines en pleine crise des finances publiques ! Unique. Contrairement à ce que le Président de la République a dit, la France n'est pas du tout le seul pays de l'UE à avoir un impôt sur la détention de patrimoine. Beaucoup d'autres pays ont, par exemple, une fiscalité bien plus haute que la nôtre sur le foncier.
La seule particularité de la France, c'est que l'impôt sur la fortune (ISF) a un aspect plus redistributif, puisqu'il touche plus ceux qui se trouvent tout en haut de l'échelle sociale. Mais c'est justement cette progressivité que Sarkozy a remise en cause en allégeant très fortement l'ISF. Hollande promet de la rétablir dans son ancien barème, et c'est une bonne chose. Quand le Président a abordé la question de l'immigration, je l'ai trouvé nauséabond. Ce drôle de mélange d'inspiration très libérale quand il s'agit de favoriser les riches et de fermeture nationaliste quand il s'agit de bloquer les étrangers, notamment les étudiants, m'a laissé un goût amer. Ce n'est pas ce qu'avait été la droite française, c'est quelque-chose de nouveau et de très dangereux."
Pour ma part, je me suis fait cette réflexion : NS fustige quelques leaders de gauche qui ont parfois « avoué » n'avoir pas tous les pouvoirs, pour empêcher des licenciements par exemple. Comme si les dirigeants de l'État ou les dirigeants politiques avaient tous les pouvoirs ; comme si on ne savait pas que l'essentiel du pouvoir économique appartient aux marchés ; NS feint-il de l'ignorer, lui si expérimenté ? Quelque part il raisonne comme ces personnes d'extrême gauche qui nous reprochent parfois de ne pas avoir pris (tout) le pouvoir pour le peuple. J'ai d'abord cru que cet argument était simplement une posture de rodomontade, de fier à bras. Il y a de ça, bien sûr. Mais il y a autre chose : fondamentalement, lorsque la gauche est « au pouvoir », elle est surtout, dans le domaine économique, un contre-pouvoir ; pour le moins, elle n'est pas Le pouvoir. Lorsque NS dispose du pouvoir politique, il n'y a plus d'équilibre des pouvoirs, une sorte de cohabitation économique : à travers une répartition des rôles plus ou moins transparente entre politiques et dirigeants économiques, les marchés ont tous les pouvoirs, ils ont nécessairement gain de cause en fin de compte, qu'ils aient « raison » on non du point de vue du peuple. La question de la dette est assez simple pour eux : il convient que les États aient la dette la plus grande possible compatible avec sa solvabilité, c'est ainsi qu'ils optimisent leur rente ; et si cette solvabilité vient à devenir douteuse, il faut réduire les autres dépenses, pas celles du remboursement de la dette et de ses intérêts. La destruction créative fait partie de leurs « bons » mécanismes. Mais ça ne marche pas toujours : ils peuvent se planter et nous pouvons nous défendre.
Nous pouvons aussi travailler à construire une société où le pouvoir économique ne soit pas dominé par les cupides. Plus facile à dire qu'à faire ? Certes ; mais il faudra bien sortir d'une perspective de situation à l'espagnole qui nous menace tous. NS fait mine de croire que c'est la faute des socialistes ; pour ma part, je vois les choses différemment : le fonctionnement des marchés a mis l'Espagne dans cette boue (un quart de chômeurs, la moitié parmi les jeunes) et les socialistes n'ont pas été capables de s'y opposer. Il faut sans doute changer quelque-chose chez eux ; il faut surtout inventer ou réinventer un autre monde, qui ne soit pas fondé sur l'hypothèse fausse que les hommes ne peuvent prendre de décision que dans leur intérêt individuel et immédiat, et que ces comportements assurent in fine l'intérêt général et doivent donc être déifiés. Vaste programme.  

Le peuple qui souffre


Une amie m'a transmis cet article, à tonalité poétique, qui ne vient pas de mes lectures habituelles (l'Humanité Dimanche)  mais que j'estime fort à propos lorsque l'on parle du peuple qui souffre.



Du coté des poètes, Victor Hugo écrivait ceci :
« Que peut-il ? Tout. Qu’a-t-il fait ? Rien. Avec cette pleine puissance, en huit mois un homme de génie eût changé la face de la France, de l’Europe peut-être. Seulement voilà, il a pris la France et n’en sait rien faire. Dieu sait pourtant que le Président se démène : il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décrète ; il cherche à donner le change sur sa nullité ; c’est le mouvement perpétuel ; mais, hélas !  cette roue tourne à vide. L’homme qui, après sa prise du pouvoir a épousé une princesse étrangère est un carriériste avantageux. Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. Il a pour lui l’argent, l’agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort. Il a des caprices, il faut qu’il les satisfasse. Quand on mesure l’homme et qu’on le trouve si petit et qu’ensuite on mesure le succès et qu’on le trouve énorme, il est impossible que l’esprit n’éprouve pas quelque surprise. On y ajoutera le cynisme car, la France, il la foule aux pieds, lui rit au nez, la brave, la nie, l’insulte et la bafoue ! Triste spectacle que celui du galop, à travers l’absurde, d’un homme médiocre échappé. »

Victor HUGO, dans " Napoléon, le petit " Réédité chez Actes Sud.
Toute ressemblance n'est pas nécessairement fortuite.

Premier Mai


La foire à l'outil à Bièvres était riche et vivante, cette année encore. On y a même vu quelques amis politiques, invités par notre Maire ; dont Maud Olivier. Eh oui, il est possible de rester courtois, même entre adversaires politiques.

Le Trocadéro est-il plus grand que l'on croyait ?

Chiffres. On entend dire que les soutiens de NS étaient deux cent mille place du Trocadéro, statiquement bien sûr. Si vous regardez sur votre plan de Paris ou sur Google-maps la surface de la place du Trocadéro, vous trouverez un cercle de moins de cent mètres de diamètre, soit une surface de moins de huit mille mètres carrés ; le parvis fait moins de 1,1 hectares, l'ensemble fait donc moins de deux hectares, soit 20 000 mètres carrés. S'ils étaient 200 000, cela fait plus de dix personnes par mètres carrés. Ils ne devaient pas avoir froid. Ils n'ont surtout pas froid aux yeux pour dire n'importe quoi.

La manifestation traditionnelle organisée par les syndicats

J'y suis allé ; pas comme toujours, mais comme parfois, notamment lorsque les enjeux poussent à la mobilisation plus que d'ordinaire.
Chiffres ? Ayant passé le plus clair de mon temps sur un lieu de rassemblement du PS (près du Métro Port-Royal) après être arrivé à Denfert, j'ai pu constater qu'à seize heures, la Place Denfert-Rochereau était encore immobile et qu'à dix-neuf heures, la queue de la manifestation (avec une discrète présence policière et une majestueuse présence de camions de nettoyage de la Mairie) était encore loin. Dans ma modeste expérience, quand ça se passe de cette manière, il y a nettement plus de cent mille personnes. Peut-être beaucoup plus. J'entends dire plus de trois cent mille.
Ambiance ? Des corps abîmés, des corps rayonnants, des corps ordinaires. Des visages calmes le plus souvent, généralement avec une forme de joie – la joie de ne pas se sentir seul, les manifs servent aussi à ça – reflétant souvent l'espoir, souvent la détermination, parfois une tension.
Participants affichant une appartenance ou une proximité politique ? Surtout des références aux syndicats, mais aussi des références à des mouvements politiques de gauche, parfois des références à des mouvements modestes mais connus comme Attac ou Roosevelt 2012, parfois des mouvements de pays en souffrance ou en espérance (l'un n'exclut pas l'autre) comme la Tunisie, parfois des mouvements OVNIS, en tous cas pour moi.
Mots d'ordre ? Revendications : être moins plumés, arriver en bon état à la retraite, se soigner, se loger, égalité des genres/sexes. Slogans politiques aussi : du genre Sarko casse-toi pour beaucoup, des François Président (nettement moins), des chants, slogans ou des discours racontant la casse sociale, d'autres exprimant la nécessité que François Hollande, s'il est élu, ne déçoive pas, et ceci sur tous les tons : évidents, craignant mais espérant, désabusés, rageurs, convaincus ; et même appliqués.
Contacts ? On voit des habitants de beaux quartiers traversés regarder les militants, rassemblements et drapeaux de la CGT avec quelque effarement ; ne cherchent pas le contact. Des types d'extrême gauche qui voyant mon badge « Volontaire François Hollande » détournent les yeux ; d'autres qui engagent facilement la conversation ; la tonalité générale est « ça ne va pas être facile, on en reparlera ». Des gens d'origine étrangère visible comme des tunisiens, tamouls ou autres sénégalais expriment (je parle d'échanges de trottoir en tête à tête, pas de slogans) expriment les tensions de leurs pays d'origine, expriment leur choix de la liberté, du changement, leur espoir que le changement en France facilite le progrès chez eux. On voit des femmes âgées qui ont soigneusement pris un petit sac avec une bouteille d'eau et disent qu'il y a des jours où il faut oublier ses rhumatismes. Un petit groupe de jeunes socialistes qui connaissent les chansons de la Commune qu'ils entonnent avec ferveur, plaisir et orgueil. Des gens d'Attac qui expliquent et argumentent. Marcher, chanter ou crier dans la rue ne change pas le monde ; ou pas assez, certes ; mais c'est aussi, pour beaucoup, un moyen d'exprimer ouvertement, une fois n'est pas coutume, ce que l'on ressent chaque jour et tait généralement. C'est aussi un moment où l'on adresse ou accepte plus facilement la parole, avec des inconnus, parce que l'on sait que l'on partage sans doute au moins quelque-chose avec eux, ne serait-ce que notre commune fragilité. Un moment où l'on sent une force partagée mais où l'on sourit aussi des voix de fausset, des accoutrements pas vraiment tendance, des démarches fatiguées, des jeunes filles fleuries, des grands baraqués qui respirent avec puissance, des nerveux dont le regard évoque un mélange d'incertitude et d'espoir. L'humanité. Plus exposée, plus ouverte que celle du métro aux heures de migration quotidienne.



Bercy, le 29 avril 2012 avec François Hollande

Une photo prise dimanche dernier, par moi-même, à ce meeting de Bercy.


FH y a été clair, sans se laisser entraîner par des effets de tribun.