mercredi 28 mars 2012

Renaissance de l'Europe

En matière d'Europe, nous sommes confrontés, depuis longtemps maintenant à une difficulté, voire à une contradiction : d'un coté nous savons que beaucoup de nos problèmes ne peuvent être résolus par nous seuls français, nous savons que beaucoup de nos espoirs ne peuvent trouver leur chemin que par l'Europe, mais nous savons aussi que le ralliement global de l'Europe, de la commission et des dirigeants conservateurs, à l'idéologie ultra-libérale – École de Chicago – et aux pratiques de la même eau, par exemple déconstruction des services publics au nom de la sacralisation de la concurrence et, en fait, privatisations et ralliements à la logique du profit.
Cette difficulté nous a divisés entre partisans du non et partisans du oui à la constitution européenne, d'où le chapitre social avait été retiré pour ne pas déplaire aux anglais, disons à leurs dirigeants : nous voulions une Europe plus démocratique, non plus limitée à un marché commun, donc dotée d'une constitution, nous ne voulions pas d'une Europe dominée par les marchés.
Nous savons aussi que les sociaux-démocrates, Jacques Delors en tête, on accepté une sorte de compromis historique : plus d'Europe contre plus de poids et d'indépendance des marchés. Cette contradiction traverse chacun d'entre nous, et, les citoyens individuels ou organisés qui ne sont pas aveuglés par l'idéologie selon laquelle tout ce qui est bon pour les banques est bon pour l'humanité.
Nous savons aussi que la France s'est par trois fois opposée à un progrès démocratique européen. Nous découvrons aussi que le déficit démocratique concernant les questions européennes est plus lourd en France qu'en Allemagne par exemple : parce que la pratique de Souverain élu à laquelle nous nous sommes habitués a confiné les questions européennes dans le domaine réservé du chef.
Comment en sortir ? Joschka Fischer, par exemple, avait proposé un changement intéressant : des compétences réduites à ce qui doit vraiment être traité au niveau européen, mais aussi des règles majoritaires à la place de cette règle absurde de la nécessité de l'unanimité des chefs d'État ou de gouvernement. Il nous faut parvenir à ce que la construction d'une gouvernance crédible et fonctionnelle de l'Europe soit pour les peuples la conquête de nouveaux pouvoirs, non leur abandon. L'abandon de souveraineté est déjà fait lorsque toute décision se fait par un groupe de chefs qui n'ont pas de mandat démocratique sur le sujet et représentent en fait « les marchés ». Nous devons reconquérir notre souveraineté, et cela passe aussi par l'Europe.
En ce qui concerne le traité européen destiné à maîtriser la dette, on connaît la position de FH qui explique qu'il convient d'ajouter un effort de relance ; lors de la réunion du 17 mars avec les principaux représentants de la social démocratie européenne, ces dirigeants ont clairement apporté leur soutien à François Hollande, aux idées qu'il défend. Cela est techniquement possible avant ratification et nécessaire dans l'intérêt des peuples, du nôtre en particulier.
Laissons la parole à FH lors de son discours du 17 mars.
« Renaissance, le mot est juste. Une Europe nouvelle doit voir le jour, plus solide, plus solidaire, plus sociale. Les conservateurs dirigent l'Europe depuis de longues années, de trop longues années. Leur bilan est lourd. L'Europe, en effet, traverse la plus grave crise des on histoire, crise financière, crise économique, crise politique et même crise institutionnelle – pour ne pas dire existentielle... Il y a donc aujourd'hui un péril plus grave que tous les autres, c'est que les Européens, à force de déceptions et de désillusions, se détournent de l'idéal qui a été le leur et celui des générations précédentes depuis plus de cinquante ans. ..
J'assume les règles. Je revendique la responsabilité. Je reconnais l'obligation de sérieux... Mais si les disciplines sont nécessaires, si la gouvernance est indispensable, il n'y aura pas de réussite, il n'y aura pas de retour à l'équilibre si le traité (qui vient d'être signé mais n'est pas encore ratifié) n'est qu'un traité budgétaire, c'est à dire n'est qu'un traité de disciplines, de sanctions qui deviendront vite des austérités pour tous les peuples. C'est pourquoi je renégocierai le traité, non seulement pour la France, mais pour l'Europe toute entière. Personne ne peut imaginer que si la croissance n'est pas là, les objectifs posés par ce traité pourront être atteints. »

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