mardi 5 juin 2012

Nous ne sommes pas d'accord avec Hervé Hocquard


La profession de foi de Hervé Hocquard appelle quelques réflexions ou réactions. HH affirme que François Hollande ignore dangereusement les ressorts de la croissance, qui sont selon lui outre la diminution des dépenses publiques de fonctionnement, la limitation des ponctions fiscales et une compétitivité accrue de notre économie (entendez le maintien d'un Euro surévalué à la mode allemande et la baisse des revenus du travail, avec, soyons complets, des efforts d'innovation et de productivité). HH ne sait pas ou ne reconnaît pas que les dettes publiques – celle des États-Unis n'étant pas plus raisonnables que celles du sud de l'Europe – ont commencé avec la Révolution Conservatrice des Reagan et Thatcher suivis par les Bush et Sarkozy qui depuis trente ans ont abandonné l'alignement de la croissance des salaires sur celle de la productivité, ont transféré dix pour cent de la valeur ajoutée vers les patrons puis les financiers, en sorte que le maintien d'un minimum de services rendus par les collectivités (pas seulement les États) n'a pu se faire que par l'endettement. Autrement dit, c'est bien sûr toujours la valeur ajoutée qui finance les dépenses publiques, mais de moins en moins par l'impôt, de plus en plus en passant par les fortunes financières qui prêtent et touchent ainsi des intérêts supplémentaires. Bien sûr ce processus ne peut durer éternellement. Aussi, bien que les richesses créées continuent à croître, la « solution » évidente pour Hervé Hocquard et ses semblables consiste à serrer la ceinture du peuple, par deux voies complémentaires : la compétitivité (synonyme de baisser les salaires ou plus précisément continuer à diminuer la part de la valeur ajoutée distribuée en salaires) et la réduction des prestations des collectivités.
Certes, personne ne peut nier la nécessité d'éviter de gaspiller, de mieux organiser tous les services ; ceux de Bièvres dont HH est Maire ne montrent guère l'exemple de ce progrès. Nous devrons rationaliser, en utilisant mieux l'intelligence et le travail de ceux qui font le boulot, pas en sous-traitant de plus en plus pour payer moins cher et déclasser, comme le font tant d'entreprises. Nous ne sommes  en effet pas d'accord avec HH et ses amis politiques, parce que nous comprenons d'où vient le problème et n'essayons pas de faire croire que le peuple doit se serrer la ceinture parce que c'est une loi mystérieuse mais impérative de l'économie, et d'ailleurs ça va d'autant mieux s'arranger qu'on se la serrera davantage.
François Lamy chef dangereux et bétonneur ? La semaine dernière le danger s'appelait Cécile Duflot et était trop vert. C'est oublier que la préservation des terres agricoles du Plateau de Saclay a été assez rapidement obtenue par consensus (peu affiché, bien sûr) des élus locaux contre le plan de l'État de MM Chirac et Villepin.
La vérité est que HH a essentiellement écouté les citoyens voulant préserver leur jardin, préférant tourner leurs regards nostalgiques vers Versailles plutôt que vers Saclay ; à moins que décidément il ne puisse envisager un seul instant de coopérer avec François Lamy. Son action a souvent été de reconnaître la vertu de l'inaction. Cela n'a pas eu que des inconvénients et il reste à Bièvres une biomasse et des paysages agréables. Le patrimoine culturel ne s'est pas développé, la vocation touristique reste un discours, discret il est vrai, la sociologie est de plus en plus uniforme. Il est difficile de considérer ce « village » comme représentatif d'équilibres plus vastes.
Quant à la liberté annoncée de HH dans ses votes s'il devient notre Député, elle est difficile à imaginer, que son futur patron s'appelle Copé ou Fillon. On peut rêver.
Rappelons que si François Hollande obtient une majorité parlementaire, nous vivrons une cohabitation entre le pouvoir des financiers et un pouvoir politique cherchant à rendre quelque pouvoir au peuple. Si les amis de HH conservent la majorité à l'Assemblée Nationale, nous continuerons à « bénéficier » de la domination de la finance et de ceux qui prônent l'austérité comme remède aux insupportables prétentions du peuple à bénéficier des progrès de la productivité.
Que le ciel, ou plutôt nos votes nous en préservent. Cela ne nous empêchera pas de dialoguer avec l'opposition. Par exemple, on peut remarquer que HH prend soin de ne vouloir diminuer que les dépenses publiques de fonctionnement. Il ne condamne pas toute dépense d'investissement, tout « project-bond » européen ou français. Il ne dit pas que tout ça est de la faute des immigrés. Je vous dis, on pourra encore causer.

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