Avant le premier tour des élections législatives,
nous abordons ici la question de la pénurie de logements abordables.
La
Fondation Abbé Pierre par exemple, rappelle quelques données :
en France, aujourd’hui, 3,6
millions de personnes, seules, fragilisées, perdues sont victimes de
mal-logement. En
France, aujourd’hui, 10
millions de personnes souffrent,
de près ou de loin, de
la crise du logement. En
France, aujourd’hui, une
majorité de familles est tenue au quotidien de faire des sacrifices
sur l’essentiel(santé,
alimentation, éducation des enfants...) pour accéder ou se
maintenir dans un logement.
Bièvres n'est pas un lieu de concentration de
personnes ayant des revenus modetses, quoique il y en ait comme partout. Mais dans cette ville,
les jeunes sont souvent incapables de quitter le logement des parents
ou du moins de rester dans la commune. Des personnes, notamment âgées, se replient ailleurs.
La loi DALO (droit au logement opposable) exprime un
droit fondamental et est à ce titre positive. Le problème est que
la pénurie de logements accessibles aux personnes de revenus modestes jointe au choix
d'une partie des élus de préférer payer des amendes plutôt que de
(laisser) construire des logements sociaux aboutit à des situations
toxiques : lorsqu'une personne ou une famille cherche à faire
valoir son droit au logement, le Préfet ne peut, bien sûr, que lui
proposer un logement social là où il y en a, aux Ulis par exemple,
où il y en a grosso-modo 50 %. Cela a plusieurs conséquences :
ces personnes sont déplacées, le plus souvent loin des écoles des
enfants, loin du travail actuel ou possible des parents ; de
plus, le logement ainsi alloué cesse d'être disponible pour de
légitimes demandeurs locaux ; certains demandeurs, à juste
titre scandalisés de ne pas recevoir d'aide, et voyant que des
immigrés, par exemple de l'Est de l'Europe, en reçoivent, votent
Front National, ce qui ne leur crée pas de logement. Par ailleurs, ces
mal ou non-logés sont parfois trimbalés dans des hôtels pour
quelques semaines, ce qui est très inadéquat pour les enfants,
coûte très cher à la collectivité et les ramène souvent un peu
peu plus tard à la rue. Tous les gens qui ont examiné ce type de
situations savent deux choses : ces personnes ne doivent pas
être des intermittents du logement, doivent être accompagnées et
surtout, il faut davantage de logements abordables.
La perception des voisins possibles de logements
sociaux est parfois, trop souvent, paradoxale : ils n'ont rien
contre l'infirmière, l'agent de police, le facteur, lesquels ne
peuvent payer qu'un logement social : ces gens sont des
travailleurs, pas des paresseux ni des gens particulièrement bruyants, mais ils ne peuvent pas payer un
loyer de huit cent euros ou davantage. Ce qui n'empêche pas les pétitions de
fleurir pour les envoyer un peu ou beaucoup plus loin et les Maires complaisants de s'aligner sur cette soit-disant vox populi. La solution
est bien sûr la mixité sociale : un petit immeuble de
logements sociaux est aisément supporté, à la différence de
barres imposantes dans le style des années soixante. C'est pourquoi
tous les gens conscients favorisent des programmes mixtes, où il est
souvent difficile de distinguer les logements sociaux de ceux en
accession à la propriété. Reste la résistance de certains
habitants à des voisins différents. Beaucoup de gens, dont votre serviteur, préfèrent les quartiers socialement mixtes à
ceux où tout le monde a le même genre de look, de revenu et d'âge,
vite ennuyeux.
La pénurie de logements disponibles est imputable à
plusieurs facteurs. Certains sont sociologiques : le
vieillissement de la population, la moindre stabilité des couples
font croître le nombre de logements nécessaires par habitant :
il n'y a plus que 2,3 personnes par ménage en moyenne en France. D'autres sont
liés au désengagement de l'État, qui n'abonde plus que des prêts
d'accession à la propriété. Bien que les classes moyennes
supérieures aient à peu près abandonné la bourse (sauf à la
rigueur à travers l'assurance vie) et choisissent d'investir leurs
économies dans l'immobilier, alléchées par les « économies
d'impôt » en partie redirigées vers les promoteurs, les
logements ainsi créés ne sont pas toujours accessibles au ménage
moyen, très rarement aux plus défavorisés.
Rappelons quelques données sur les revenus :
le revenu médian par ménage est actuellement de 2314 € (cela veut
dire que la moitié des ménages gagne plus, l'autre moitié gagne
moins). Ceci pour des ménages de 2,3 personnes. Sont considérés
comme pauvres par l'INSEE ceux qui gagnent moins de la moitié de ce
revenu médian, à savoir 1157 € par mois. Il y en a près de 20 %.
Que penser de l'achat par leurs habitants de
certains logements sociaux ? A Bièvres, l'ancienne Maire
notamment s'est élevée contre cette mesure, créant disait-elle une
course poursuite sans fin vers les 20 % de logements sociaux
demandés par la loi SRU. J'avais été perplexe, étant élu, par
rapport à ce discours. La semaine dernière à Bures sur Yvette,
Marie-Noëlle Lienemann nous a expliqué que cette possibilité,
encouragée par l'ancien gouvernement, était censée faciliter le
financement de nouveaux logements par les offices HLM, sans coût
pour l'État ; vendre un logement devait permettre d'en
construire deux. C'est malheureusement le contraire qui se produit :
il faut en vendre deux pour en construire un, en chiffres ronds.
Que propose le nouveau gouvernement ?
Plusieurs mesures sont de nature à infléchir cette situation.
Modération des augmentations de loyers. Des
dispositifs existent déjà, limitant les augmentations de loyers ;
il s'agit de renforcer
cette loi. Cela jouera dans les cas où les prix augmentent de
façon excessive, il ne s'agit pas d'un insoutenable blocage général
dans le style 1948. Les gens qui poussent des hauts cris et annoncent
l'augmentation de la pénurie sont les ineptes adeptes de TINA,
« there is no alternative », il n'y a pas
d'alternative, ce cri de Madame Thatcher exprimant la foi naïvement
ou consciemment en faveur des mécanismes de marché vus comme seule
régulation saine.
Mise à disposition des terrains disponibles
appartenant à l'État. L'effet de cette mesure n'est pas encore
quantifié ; elle aura notamment un effet d'accélération des
programmes de construction (ce qui compte, c'est la mise à
disposition effective de logements, plus que leur programmation), et
de réduction des coûts, en utilisant une formule de péréquation
afin que dans les programmes mixtes (locatifs et accession) il n'y
ait pas d'aubaine pour la spéculation.
Le doublement des plafonds de Livrets A dégagera
des ressources importantes au service du logement (à travers la
Caisse des Dépôts et Consignations) et du même coup mettra une
part plus importante de l'épargne des français au service de l'économie réelle,
celle qui donne du travail et fournit de la valeur à la population
plutôt qu'aux financiers.
On parle aussi de renforcer les pénalités des
municipalités qui s'opposent aux constructions de logement sociaux,
y compris par leurs PLU ; les Préfets pourraient devoir
(plutôt que pouvoir)
constater les carences locales.
Enfin, l'intention d'isoler thermiquement un million de logements
par an est de nature à réduire les coûts énergétiques de manière
importante ; en effet, ce qui compte n'est pas seulement le coût
des loyers et des emprunts, mais aussi celui des charges, en premier
lieu de celles liées au chauffage. Les dispositifs prévus n'auront
bien sûr qu'un effet progressif, en raison des coûts
d'amortissement de ces travaux, mais le renchérissement prévisible
de l'énergie renforcera l'effet de ces économies.
Localement – dans la cinquième circonscription de
l'Essonne) – rappelons que c'est l'État et non les élus locaux
qui a construit des tours dans les années soixante, aux Ulis
notamment.
En conclusion, disons qu'il y a du boulot et que le
nouveau gouvernement se dirige clairement vers de vraies solutions.
Nous devons confirmer notre volonté de changement. La confiance "religieuse" dans les marchés est une impasse. D'autres forces que
les socialistes veulent le progrès, ou simplement sont conscientes
qu'il faut sortir des culs de sac actuels ; il y a des gens de
bonne volonté même en dehors du PS (souriez). Voter pour Maud
Olivier, ici, est nécessaire pour que nous puissions ensemble aller
dans la bonne direction.
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